Une première visite à l'international en catimini pour Kim Jong-un. Ce n'est qu'après le retour du dirigeant nord-coréen dans sa capitale que la Chine a officiellement confirmé sa rencontre avec Xi-Jinping, le 26 mars dernier à Pékin.
«La Corée ne renonce en rien à son arsenal nucléaire, il est évidemment beaucoup trop tôt tirer des conclusions et je doute que la rencontre avec Donald Trump se solde par un renoncement à l'arme nucléaire. Et il n'y a évidemment pas de pacte stratégique avec la Chine qui supposerait la mise sous protection chinoise de la Corée du Nord. Je rappelle que sa ligne idéologique, le Juche, qui date de Kim Il-song, met l'accent sur l'autonomie économique, politique et militaire. On est donc très loin d'une vassalité à l'égard de la Chine.»
La réunification, un rêve entretenu par les deux Corées.
«La réunification est un rêve entretenu des deux côtés, mais qui est de plus en plus inaccessible. En revanche, le principe d'une réconciliation, d'une reprise du dialogue est indispensable pour les deux pays. Les démarches qui viennent au départ de Corée du Sud ont eu un écho très favorable de la Corée du Nord. Au-delà de la symbolique mise en avant lors des JO, il y a une vraie volonté, mais elle reste fragile. Il pourrait en déboucher des gestes symboliques, mais lourds de sens, celui des échanges de personnes. Avec la possibilité pour des familles séparées par la guerre de se retrouver.»
Le bras de fer à venir entre Kim Jong-un et Donald Trump
Quelques semaines après une guerre nucléaire sur Twitter, le Président américain annonçait via le même canal avoir décroché une rencontre avec son homologue nord-coréen. Une rencontre préparée et attendue de longue date par la Corée du Nord, d'après Barthélémy Courmont:
«La Corée du Nord a préparé cette rencontre depuis maintenant plusieurs années, c'est un des souhaits des dirigeants nord-coréens de traiter directement avec les États-Unis. Ils ont préparé toute une liste d'exigences qui pourraient, le cas échéant, être le prélude à cette fameuse dénucléarisation que l'on évoque çà et là.»
Le spécialiste souligne que ce niveau de préparation n'est pas symétrique Washington ayant longtemps considéré une rencontre avec la Corée du Nord comme inenvisageable:
«Côté américain, on note en revanche un très grand niveau d'impréparation à cette rencontre. Jusqu'à une période très récente et ce tweet de Donald Trump, il n'était absolument pas au programme américain de rencontrer le dictateur nord-coréen.
Par ailleurs, il n'y a pas dans l'administration Trump, de ligne très claire quant à l'attitude à adopter face à la Corée. Étant donné que Donald Trump a parfois des positions très différentes d'un tweet à l'autre, et que son administration vient de s'enrichir de l'arrivée de John Bolton à la sécurité nationale, qui semble favorable à une option très dure à l'égard de la Corée du Nord. Donc on ne sait pas exactement ce que veulent les Américains, au-delà de ce slogan de la dénucléarisation, répétée à l'envi.»