Les nounous victimes de la maternelle à 3 ans?

Obligation d’instruction à 3 ans contre 6 actuellement, le gouvernement entérine une pratique courante. Près de 97% des enfants vont déjà à l’école maternelle. Pourtant, au-delà du symbole, une profession pourrait être touchée de plein fouet par cette mesure: les assistantes maternelles.
Sputnik

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Emmanuel Macron a annoncé, à l'occasion des assises de l'école maternelle, que désormais l'âge de l'instruction obligatoire serait fixé à trois ans et non plus six. La mesure sera dans un premier temps expérimentée en outre-mer dès la rentrée 2018 et sera appliquée dès 2019 à l'ensemble du territoire. Si l'annonce a été saluée par de nombreux acteurs de l'enseignement, cette mesure reste pour le moins symbolique. En effet, actuellement 97,6% des enfants âgés de 3 ans vont déjà à l'école maternelle. Pour le gouvernement, il s'agit de «faire de la maternelle une véritable "école du langage et de l'épanouissement"». Et de mettre fin aux disparités géographiques. À titre d'exemple, environ 70% des enfants habitants les territoires d'outre-mer vont à la maternelle contre 93% à Paris.

En outre, il est important de rappeler que ce n'est pas l'école maternelle qui est obligatoire, mais l'instruction! De fait, les parents auront toujours le choix de placer leur enfant en école maternelle publique ou privée, mais également d'instruire leur enfant à domicile (sous réserve de respecter certaines règles). Autant dire, très peu de changements en perspective.

Cependant, cette annonce inquiète un corps professionnel qui est absent des débats: les assistantes maternelles, plus couramment appelées les «nounous». Et pour cause, si cette mesure ne touchera qu'environ 26.000 enfants comme le rappelait Libération,

«Les assistants maternels se disent que forcément les parents dès trois ans vont inscrire leur enfant à l'école. C'est autant d'employeurs potentiels qui s'en vont»,

déplore Sandra Onyszko, chargée de communication pour la fédération nationale UFNAFAAM regroupant les assistants maternels, assistants familiaux et accueillants familiaux.

Alors que la profession va devoir se renouveler pour cause de nombreux départs en retraite et pouvait, à l'horizon 2022, créer près de172.000 emplois (source Ouest-France). Cette mesure peut-elle avoir un impact sur l'attractivité de cette profession? Une chose est sûre, «en mettant une obligation, on s'éloigne encore une fois de l'individualisation de l'enfant, de ses propres besoins, qui ne sont pas les mêmes par rapport aux autres enfants» explique Sandra Onyszko. Pour elle, «l'école à trois ans, ça peut être très bien pour des enfants qui sont prêts et puis catastrophique pour des enfants qui sont moins autonomes et qui vont être fragilisés par cette entrée à l'école.»

L'enthousiasme des parents face à cette mesure est compréhensible pour Sandra Onyszko.

«C'est un peu logique et normal […] Pour certaines familles, on va mettre l'enfant à l'école le plus vite possible, parce que le coût est gratuit. En tout cas, c'est ce qu'ils pensent. Ils voient en l'école, parfois, une possibilité d'accueil de leur enfant, non pas obligatoirement un lieu qui relève de l'enseignement.»

Néanmoins, au-delà du simple aspect financier, «les familles sont très sensibilisées à l'accueil collectif de leur enfant pour une meilleure socialisation. On s'aperçoit, de plus en plus, que les familles souhaitent que leur enfant, tout petit soit-il, même nourrisson, soit au contact d'autres enfants […] Ils pensent raisonnablement que c'est bien pour leur enfant.»

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Or, Sandra Onyszko regrette «qu'on ne leur dise pas suffisamment en quoi un mode d'accueil individualisé peut être bien pour leur enfant. Avoir une seule figure d'attachement améliore la sécurité affective de l'enfant qui est un primo-besoin. S'il n'y a pas de sécurité affective, il n'y a pas de développement de l'enfant.»

Si on peut craindre un impact négatif sur la profession d'assistante maternelle, reste à savoir si le gouvernement a prévu de créer des postes d'enseignants pour accueillir ces nouveaux élèves comme le soulignait Benoît Hamon, fondateur du mouvement Génération-s:

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