Trois missiles tirés par les Houthis visaient la capitale saoudienne. La défense antimissile de l'Arabie saoudite les a interceptés peu de temps avant minuit le 25 mars, ont fait savoir les militaires du royaume, écrit le portail Gazeta.ru.
Les autres missiles ont été tirés contre les villes de Hajran, Jizan et Khamis-Mushait au sud-ouest de l'Arabie saoudite. Ils ont également été interceptés par la défense antimissile saoudienne. Aucune victime et aucun blessé n'ont été rapportés suite à ces attaques.
Le leader du conseil politique des Houthis Saleh al-Samad a salué ces frappes de missiles pendant un discours dans la capitale yéménite Sanaa, les qualifiant de «perfectionnement réussi des capacités militaires» du groupe.
«S'ils (les Saoudiens) veulent la paix, comme nous leur avons déjà dit: qu'ils cessent leurs frappes aériennes et nous arrêterons nos missiles. Si vous continuez de porter des frappes aériennes, alors nous avons le droit de nous défendre par tous les moyens dont nous disposons», a-t-il déclaré.
Les frappes ont été condamnées par la Russie. «Moscou condamne fermement ce genre de frappes non sélectives visant entre autres des communes et leurs habitants pacifiques», a souligné le ministère russe des Affaires étrangères en appelant les belligérants à cesser au plus vite les activités militaires et à entamer un dialogue politique.
Les Émirats arabes unis, principal allié de Riyad dans l'opération militaire au Yémen, a accusé l'Iran de cette attaque. Le ministre émirati des Affaires étrangères Anwar Gargash a écrit sur Twitter que les missiles tirés depuis le Yémen étaient «d'origine iranienne», et souligné qu'il était «impossible de vivre en paix avec des rebelles terroristes qui menacent la stabilité de notre région et sont un intermédiaire de l'Iran».
Cette attaque de missiles pourrait provoquer une escalade du conflit au Yémen, dont l'une des conséquences, selon l'Onu, est d'avoir entraîné la plus grave crise humanitaire dans le monde.
Elena Souponina, conseillère du directeur de l'Institut russe d'études stratégiques, suppose que cette frappe pourrait être suivie aussi bien par une escalade de la situation au Yémen même que par une détérioration des relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran.
«Depuis plus de deux ans, l'Arabie saoudite mène une campagne militaire au Yémen. Au cours de cette période, il a été possible d'obtenir de bien meilleurs résultats. C'est pourquoi les récents communiqués sur l'interception de missiles du Yémen sont appelés, premièrement, à montrer que les choses ne vont pas si mal et que Riyad gère la situation, et, deuxièmement, ces communiqués s'accompagnent immédiatement d'accusations visant l'Iran qui, selon les Saoudiens, fournit des missiles aux rebelles yéménites. L'Iran nie en bloc. Compte tenu de la facilité avec laquelle l'Arabie saoudite accuse habituellement l'Iran, il est à supposer qu'une escalade est proche tant bien au Yémen que dans les relations entre Riyad et Téhéran», suppose l'experte.
Dans le même temps, Leonid Issaev, enseignant à la chaire de politologie générale du Haut collège d'économie et orientaliste, est persuadé que cette interception de missiles ne conduira pas à une escalade de la situation au Yémen. D'après lui, les ressources saoudiennes dans ce conflit sont déjà exploitées au maximum, et les frappes de missiles n'entraîneront probablement aucun changement sérieux dans la situation.
«Cela (les frappes) se produit pratiquement toutes les semaines depuis quelques années. Des missiles volent presque constamment, certains sont interceptés, d'autres pas. C'est un événement tout à fait ordinaire s'ils ne tombent pas dans un endroit stratégique important. La guerre dure depuis plus de deux ans, c'est pourquoi la chute d'un débris de missile n'est pas la chose la plus grave qui pouvait arriver. Et de quelle escalade peut-on parler si les activités militaires battent déjà leur plein? L'Arabie saoudite ne lancera pas d'opération terrestre. Elle mène déjà des frappes aériennes», explique-t-il.
Riyad s'est ingéré dans le conflit yéménite en 2015 quand les Houthis ont pris Sanaa et ont écarté le gouvernement. En mars 2015, la coalition militaire arabe menée par l'Arabie saoudite a lancé des frappes aériennes contre les positions des Houthis.
A l'heure actuelle, le conflit au Yémen fait penser à la crise syrienne qui a entièrement détruit l'infrastructure et l'économie du pays, après quoi l'État s'est divisé en plusieurs zones contrôlées par différents groupes armés, les Houthis étant les plus puissants. Selon l'Onu, la guerre au Yémen a déjà fait près de 10.000 morts.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.