Le professeur en politologie à l'Université Atilim en Turquie, Hasan Ünal, estime que la déclaration d'Erdogan reflète le mécontentement d'Ankara à l'égard de la politique des États-Unis qui vise à intimider la Turquie par le facteur iranien:
«Nous consolidons ici notre présence afin d'équilibrer le renforcement du rôle de l'Iran. Nous n'avons pas d'autre choix pour contrebalancer le poids de l'Iran au Proche-Orient, c'est pourquoi nous resterons dans la région avec le parti politique kurde Parti de l'union démocratique.»
Et de poursuivre:
«Les États-Unis essaient de convaincre la Turquie en utilisant l'Iran comme facteur d'intimidation. Mais les déclarations d'Erdogan veulent dire […] qu'il va rester sourd aux intimidations de Washington.»
Hasan Ünal est d'avis que si les pays de la région poursuivent leur étroite collaboration, la politique que mènent les États-Unis au Proche-Orient échouera:
«La Turquie et l'Iran se sont prononcés contre la décision de Massoud Barzani d'organiser le référendum sur l'indépendance à l'issue duquel, en l'espace de 48 heures, il a perdu tout ce qu'il avait obtenu. La collaboration du Parti de l'union démocratique avec les États-Unis se poursuivra selon le même scénario.»
Faik Bulut, expert en questions proche-orientales, est aussi revenu, dans une interview de Sputnik, sur la déclaration de Recep Tayyip Erdogan. D'après lui, lorsqu'il évoque la menace que constituent les États-Unis pour l'Iran, le Président turc cherche à mettre Téhéran de son côté ou, au moins, à faire en sorte que l'Iran continue de rester réservé vis-à-vis de l'opération le Rameau d'olivier parce qu'actuellement ce pays ne soutient pas la conduite de l'opération dans le canton d'Afrine par les forces armées turques. C'est pourquoi, d'après Faik Bulut, Erdogan a mentionné non seulement une menace américaine contre la Turquie, mais aussi contre l'Iran.
Ce même expert turc a par ailleurs expliqué que cela faisait longtemps que la question de l'élaboration par l'Arabie saoudite, Israël et les États-Unis du plan d'encerclement de l'Iran et d'une éventuelle opération aérienne, voire terrestre, contre ce pays était débattue. Probablement, l'arrivée de Mark Pompeo à la tête du Secrétaire d'État rendra cette question encore plus actuelle:
«Si l'on examine la déclaration du chef de l'État turc étant donné ce fait, on peut supposer qu'Erdogan propose à l'Iran d'unifier leurs forces et de se présenter en tant que front uni contre de possibles provocations américaines», conclut Faik Bulut.
Auparavant, le Président turc Recep Tayyip Erdogan avait déclaré, cité par les médias turcs, que le déploiement de bases militaires américaines en Syrie serait susceptible de déclencher une nouvelle guerre mondiale. Selon le dirigeant turc, l'implantation militaire américaine dans le pays est un défi lancé à Ankara et Téhéran.