La Journée internationale du sommeil est le troisième vendredi de mars de chaque année. En 2018, cela tombe le 16 mars. Elle permet chaque année d'attirer l'attention du public sur le sommeil, cette activité qui occupe un tiers de notre vie. Elle a plusieurs objectifs, notamment favoriser le dépistage des troubles du sommeil, informer le public du rôle clef du sommeil et surtout trouver le moyen de sensibiliser les jeunes à la nécessité de prendre soin de leur sommeil.
Les jeunes dorment de moins en moins
Pour l'édition 2018, le thème choisi est «Le sommeil des jeunes de 15 à 24 ans: Ouvre l'œil sur ton sommeil!». En effet, les dernières données des études et enquêtes concernant les jeunes sont plus qu'inquiétantes, la réduction du temps de sommeil touchant des personnes de plus en plus jeunes.
Nombreux sont ceux qui considèrent cette Journée avec ironie. À tort! «Si nous passons près d'un tiers de notre temps à dormir, c'est que le sommeil a un rôle primordial pour notre santé», indique Isabelle Arnulf, chercheuse, neurologue et directrice de l'unité des pathologies du sommeil à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière. Mais depuis l'apparition des smartphones et des tablettes, l'humanité a perdu du temps de sommeil.
Pendant le sommeil, l'activité cérébrale atteint son minimum et les réactions baissent. Le schéma est à peu près le même dans l'ensemble du monde animal, mais certaines espèces possèdent une capacité étonnante, celle de ne mettre au repos qu'un seul des deux hémisphères du cerveau. En effet, la respiration des baleines et des dauphins n'est pas un réflexe, comme la nôtre, elle se fait de manière consciente et volontaire. Ainsi, ces mammifères détectent le manque d'oxygène pendant leur sommeil grâce à la partie du cerveau qui ne dort pas.
Aujourd'hui, les jeunes de 15-24 ans dorment toujours moins. Selon une enquête de l'Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), parmi ceux qui étudient ou ont une activité professionnelle, 88% estiment être en manque de sommeil en semaine ou le week-end, 36% se disent somnolents pendant la journée et 99% ressentent l'impact du manque de sommeil pendant la journée. La dette de sommeil peut atteindre 2h par nuit chez les jeunes interrogés. L'étude a été réalisée par OpinionWay auprès d'un échantillon de 1.014 jeunes de 15 à 24 ans en décembre 2017.
Or, il y a exactement dix ans, une étude indiquait que, sur la base des déclarations des personnes interrogées, seulement 17 % accumuleraient chaque nuit une dette de sommeil, alors que 71 % auraient un sommeil suffisant. Notons toutefois que ce sondage avait été réalisé auprès des 24-45 ans.
La dette de sommeil
En règle générale, il existe trois chronotypes: les lève-tôt, les couche-tard et le type dit intermédiaires. C'est officiel et des recherches de scientifiques de l'Université d'Aix-la-Chapelle (Allemagne) ont prouvé les différences physiques dans les cerveaux de différents chronotypes. En outre, ils ont établi qu'environ 10% de la population était des lève-tôt, 20% des couche-tard, le reste se situant entre les deux.
Toutefois, la dette de sommeil touche tous les chronotypes, en réduisant la vigilance et les capacités d'attention et de concentration. Qui plus est, à plus long terme, elle augmente les risques de surpoids et de maladie, la vulnérabilité au stress et aux troubles anxio-dépressifs, ainsi que les chances de développer l'hypertension et le diabète.
Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme, car moins d'un jeune sur dix va au lit pour dormir! En effet, les jeunes passent plus d'une heure au lit avant d'éteindre et 92% ont au moins une activité dans leur lit. Les principaux accusés sont les écrans: une fois au lit, au lieu de dormir, 83% des jeunes commencent à surfer sur internet, à se manifester sur les réseaux sociaux, à regarder des vidéos ou à jouer. En moyenne, ils y restent plus d'une heure (plus d'une heure trente le week-end) avant l'extinction des feux.
Autre constat de l'INSV et de MGEN (Mutuelle générale de l'Éducation nationale), un tiers des sondés évoquent des difficultés à s'endormir, en moyenne à 23h20 la semaine et à 0h49 le week-end, pour un lever respectivement à 7h02 et 9h43. En cause, l'hyperconnexion. Le lien entre l'usage excessif des écrans et le mauvais sommeil est avéré. Les activités interactives mettent les jeunes dans un état de tension et d'excitation. En effet, la lumière LED des écrans est un signal de plein jour, d'éveil pour notre cerveau. «En regardant ces écrans la nuit, notre cerveau bloque la sécrétion de mélatonine, hormone qui contribue à l'endormissement, et retarde le moment d'apparition du sommeil», a souligné Isabelle Arnulf.
La bonne nouvelle
Les scientifiques viennent de prouver qu'il est possible de «faire le plein» de sommeil. La nouvelle a été annoncée par Mikhaïl Polouektov, chef du département de la médecine du sommeil de la Première Université médicale Setchenov de Moscou, lors d'une conférence de presse consacrée jeudi à la Journée internationale du sommeil.
«Plusieurs études ont prouvé que si les gens ont la possibilité de «faire des provisions» de sommeil et de dormir, par exemple, deux heures de plus pendant une semaine, ils se sentiront relativement bien si le temps de leur de sommeil est brusquement réduit, par exemple, à trois heures», a-t-il indiqué. Il a précisé que cet effet restait actif pendant quinze jours.
Mikhaïl Polouektov a ajouté que le manque de sommeil était tout aussi dangereux que son excédent et a fait remarquer que pour rester en bonne santé, les spécialistes recommandaient de dormir entre 7 et 9 heures, selon les besoins individuels de chacun.