Refus des LR de tout soutien du FN: «Tant pis pour eux» estime Jean-Frédéric Poisson

Les Républicains n’enterreront pas la hache de guerre avec le Front –ou Rassemblement– national. Bien que Marine Le Pen ait appelé à voter pour un candidat LR à Mayotte, les ténors de ce parti ont rejeté la main tendue, vue pourtant par certains comme un premier pas vers rassemblement des droites nécessaire pour reprendre le pouvoir en 2022.
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Le Front national, en refondation, qui depuis plusieurs décennies était en opposition frontale avec les partis dit de «gouvernement» vient de faire un pas en direction des Républicains (LR).
Le 15 mars, Marine Le Pen a ainsi appelé à soutenir Elad Chakrina, candidat LR aux législatives partielles de Mayotte, estimant que «la situation est trop grave là-bas (à Mayotte), il faut dépasser les étiquettes politiques»

Un événement dont les répercussions auraient pu être considérables… s'il avait été suivi d'une réponse équivalente de la part des Républicains. Pourtant, cette main tendue «inédite» a immédiatement été rejetée par LR. Si sur les réseaux sociaux, l'ancien parti présidentiel a opposé une fin de non-recevoir à l'ouverture du Front —bientôt Rassemblement?— national, du côté des ténors du parti, on monte au créneau:

«La position des Républicains doit être claire, nette, précise: porte fermée à toute alliance avec le Front national et ses affidés, point final!»

s'est emporté ce 16 mars Valérie Pécresse, au micro d'Elizabeth Martichoux, sur RTL. Déjà cuisinée par la chef du service politique de RTL sur ses positions défavorables à la piétonnisation des voies sur berge à Paris, qui n'iraient «pas dans le sens de l'histoire», la présidente du conseil régional d'Île-de-France répond à la volée lorsque la journaliste commence à se faire insistante sur le manque de fermeté dont Laurent Wauquiez ferait preuve vis-à-vis du FN.

Une idée de rapprochement également dénoncé, plus tôt cette semaine, par le député européen Geoffroy Didier, Éric Ciotti (Questeur de l'Assemblée), Gilles Platret (maire Chalon-sur-Saône) ou encore Laurence Saillet (porte-parole LR au Sénat).

Quant à Virginies Calmels, celle-ci devance l'appel au «cordon sanitaire» des journalistes lorsqu'elle lâche sur Twitter que «nous préférerons toujours perdre plutôt que de gagner grâce à une quelconque alliance avec le FN. Nos valeurs ne se négocient pas à travers des accords électoraux honteux!»

​La 1re vice-présidente des LR et adjointe d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux a été parmi les premières cette semaine à répondre à l'ancien ministre des Transports de Nicolas Sarkozy, Thierry Mariani, lorsque celui-ci avait plaidé pour un rapprochement avec le FN, faute d'alliés restant aux Républicains pour être capable de remporter les prochaines échéances nationales.

«Tant pis pour eux» estime Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate et ancien député des Yvelines, qui «regrette infiniment» que les Républicains n'aient pas encore compris l'«urgence» de s'opposer à la politique d'Emmanuel Macron. Il revient à notre micro sur les risques que font planer- selon lui- le programme économique, social et européen du Président de la République. Pour Jean-Frédéric Poisson, avec une telle attitude des Républicains, Emmanuel Macron a de beaux jours devant lui.

«J'observe que le groupe Les Républicains a choisi- il y a à peine un an —à 75% de ne pas s'opposer au vote de confiance au Premier ministre à l'Assemblée nationale et j'observe qu'ils ont décidément beaucoup de mal à trouver leurs marques. Donc, je salue la démarche de Marine Le Pen, je trouve qu'elle est dans la cohérence de son congrès de la semaine dernière. Il n'était pas nécessaire de réagir de la part des Républicains avec une telle violence et on peut accepter le soutien de quelqu'un sans être d'accord avec lui.»

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Accepter le soutien de quelqu'un sans pour autant en partager (toutes) les idées, voilà un point sur lequel revenait ce vendredi, dans une interview à Franceinfo, le candidat LR à Mayotte, Elad Chakrina. Il appelle, lui aussi, à «surmonter tous les clivages (…) pour défendre la cause de Mayotte» évoquant un «risque réel de tension de conflit intercommunautaire» dans l'île. Elad Chakrina n'hésite d'ailleurs pas à renvoyer la journaliste à sa perception toute parisienne lorsqu'elle l'interroge sur d'éventuels «points de convergence» qu'il pourrait avoir avec la présidente du FN, concernant l'immigration clandestine.

Il faut dire que, une fois n'est pas coutume, ne pas «faire le jeu du FN» semble rester l'alpha et l'oméga des préoccupations des journalistes, comme à l'égard de Thierry Mariani, sur le plateau du Grand Oral des Grandes Gueules de RMC, où en moins de 15 secondes d'émission, l'accusation lui est portée par Olivier Truchot.

Des journalistes qui, soulignant l'opposition entre les discours de Thierry Mariani et des cadres LR sur ce «ralliement à Marine Le Pen», étaient allés jusqu'à s'étonner de ne pas le voir exclu des Républicains, comme l'avaient été ceux qui avaient rejoint le gouvernement d'Emmanuel Macron… Un deux poids deux mesures qui avait fait réagir les détracteurs de l'ancien ministre sur cette question, comme Virginie Calmels auprès de l'hebdomadaire Le Point, soulignant la différence de taille entre les deux situations…

«Faire le jeu du Front national, tout cela sont des choses qui empêchent de réfléchir. Je préfère trouver les moyens de discuter et de trouver des points communs, des passerelles, qui permettent un jour de faire un programme commun de gouvernement pour contrer les projets que je considère dangereux pour la France d'Emmanuel Macron, plutôt que de demander le certificat de baptême ou de valeurs républicaines ou de je ne sais quoi de la personne avec qui je discute. Les Républicains sont visiblement encore dans la politique de l'Ancien Monde, ils n'ont pas exactement compris ce qui était en train de se passer, c'est dommage.»

Une analyse de Jean-Frédéric Poisson que partage Thierry Mariani. Comme il le martèle sur les plateaux depuis la publication de son interview au Journal du Dimanche le 11 mars, Les Républicains n'ont plus d'allié, ceux-ci ayant choisi de rallier Emmanuel Macron, faisant du parti une formation de droite et non plus «de droite et du centre», comme auparavant. Dans ces conditions, pour lui, impossible pour sa famille politique de l'emporter si celle-ci s'obstine à vouloir naviguer en solitaire.

Quant à d'éventuelles alliances avec le Front national, si Thierry Mariani évoque le changement opéré par le Parti depuis sa création, il ne rejette en rien le fait qu'il puisse toujours exister des divergences de taille entre les positions tenues par Les Républicaines et le parti frontiste. Il met à ce sujet en avant le précédent crée par François Mitterrand avec le PCF, une alliance qui, pour la première fois sous la Vème République, avait permis à la gauche de parvenir et de s'installer durablement au pouvoir. Un pas qui, jusqu'à présent, ne fut jamais toléré à la droite de franchir.

«La gauche, de 58 à 81, a perdu toutes les élections nationales et gagné toutes les élections locales, c'est ce qui nous attend si on ne change pas de stratégie!» Lâchait Thierry Mariani, sur le plateau de BFMTV.

Constat partagé par Jean-Frédéric Poisson: pour lui, «plus personne ne gagnera seul, c'est évident», revenant sur la création de la plateforme «Les amoureux de la France» avec Nicolas Dupont-Aignan et Robert Ménard devant contribuer à l'union des droites.

«Il faut que Les Républicains comprennent. Et s'ils ne le comprennent pas, eh bien ma foi, leur candidat à nouveau ne sera pas qualifié pour le second tour des présidentielles et puis on regardera à nouveau Emmanuel Macron et ses amis continuer à gouverner la France et cela, je ne le veux à aucun prix.»

à la question de savoir si la classe médiatique contribue à entretenir les crispations entre Les Républicains et le Front national, l'ancien candidat à la Primaire de la droite et du centre répond par une anecdote:

«Comme l'a dit un de vos confrères cette semaine à qui je demandais si c'était un délit de discuter avec Marine Le Pen et le Front national, il a répondu: "non c'est un tabou". Ce qui était très intéressant, un tabou c'est un interdit religieux, posé par quelqu'un dont on se demande la légitimité pour le poser. Qui décide de ce qui est un tabou, sinon la presse elle-même ou une partie de la presse, avec tous les a priori et peurs qui sont accumulés?»

Le président du parti Chrétien démocrate pointe du doigt les thématiques qui sont rarement abordées dans la presse, la transmission de la culture, des traditions françaises, l'islam en France ou encore la construction européenne. Des questions certes chères à la droite, mais qui, selon lui, s'adressent plus que jamais à l'ensemble de la société française.

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