Le fait que le Brésil n'a toujours pas signé la Convention sur l'interdiction des armes à sous-munitions de 2008 (Convention d'Oslo) est extrêmement accablant, a déclaré Mary Wareham, directrice de plaidoyer auprès de la division Armes de Human Rights Watch (HRW) à Washington, dans une interview accordée en exclusivité à Sputnik.
«Nous ne comprenons pas pourquoi ce ne sont pas le parlement et la direction politique du Brésil, mais son industrie et notamment son industrie de l'armement qui forment la politique du pays en matière de production et d'exportation des armes à sous-munitions», a indiqué l'interlocutrice de l'agence.
Et d'ajouter que le Brésil restait ainsi un pays «obscurantiste et inutile», alors qu'elle pourrait faire beaucoup afin de prévenir les pertes humaines causées par des armes aussi cruelles.
«Je ne peux que constater pour le moment l'absence de tout progrès dans ce domaine», a déploré Mme Wareham.
Encore en juin 2008, Celso Amorim, alors ministre brésilien de la Défense, a déclaré que les armes à sous-munitions étaient «inhumaines» et devaient être liquidées. Il a notamment promis que le Brésil «analyserait sa position et pourrait à l'avenir adhérer à la convention». Quoi qu'il en soit, cinq mois plus tard, le gouvernement brésilien a changé d'avis sans doute sous pression de la société Avibras qui avait demandé une licence d'exportation d'armes.
Sputnik a essayé de contacter l'ex-ministre Amorim, mais la demande n'a pas abouti.
Répondant à la requête de Sputnik, le ministère brésilien des Affaires étrangères a soumis à une critique virulente La Convention d'Oslo pour son manque de transparence lors de son adoption.
«Les exportations de produits du complexe militaro-industriel brésilien sont analysées à titre individuel à chaque cas concret et en fonction des principes de la politique extérieure et des engagements internationaux du Brésil», a notamment indiqué la diplomatie brésilienne, ajoutant qu'elle ne répondait que de la fiche technique et politique sur demandes de permis d'exportation, et que c'est le ministère de la Défense qui prenait une décision définitive.
De son côté, répondant aux questions de Sputnik, Avibras a affirmé que sa production étaient conforme aux principes humanitaires, établis par les accords internationaux et qu'à partir de 2001, elle était équipée en dispositifs d'autodestruction qui ne permettaient pas aux sous-munitions de s'accumuler dans le sol et blesser des civils après la fin des hostilités.
Les bombes à sous-munitions font partie des armes les plus vicieuses de la guerre contemporaine. Elles contiennent plusieurs centaines de mini-bombes qui se dispersent sur un vaste périmètre se muant en mines antipersonnel et tuent en majorité des civils.