«Rester à la maison, suivant l’appel de Navalny, ou rendre nul un bulletin, comme le conseille Khodorkovski? En quoi le boycott diffère-t-il du vote de protestation et comment la décision affectera les élections?», à moins d’une semaine de la présidentielle un article plus que curieux a fait son apparition sur la version russe du site de l’édition allemande Deutsche Welle.
D’ailleurs, ceux qui n’ont pas encore choisi leur méthode pour exprimer leur désaccord lors du premier tour du vote fixé au 18 mars ou hésitent entre le boycott et le vote pour un candidat lambda donné perdant y trouveront de «précieux» conseils qui ne leur seraient pas venus à l’esprit – par exemple celui d’obtenir le certificat de vote à distance et ne pas voter.
Qui plus est, ceux qui comptent opter pour cette stratégie et rendre nul leur bulletin en écrivant «On en a marre de Poutine», suivant le conseil de l’ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski, il est conseillé d’être prudent. Non pas en raison des agents de Poutine qui sauront identifier l’intrus et le détruire, mais parce que: «Si cette inscription ne touche qu’une seule case, par exemple celle en face du nom de Poutine, le bulletin sera reconnu comme valide et la voix sera comptabilisée», selon Deutsche Welle.
Obtenir le certificat de vote à distance et ne pas voter «augmente le taux de participation», explique-t-on, précisant qu’une fois détaché de son bureau de vote, l’individu est raillé des listes électorales jusqu’à ce qu’il se présente à un autre bureau de vote. Y auriez-vous pensé?
Donner sa voix au candidat le moins antipathique semble ne pas être un bon choix non plus.
«Repensez-y à 100 fois si vous voulez vraiment que les voix données en signe de protestation soient à l’avenir brandies par le candidat en tant que preuve de sa puissance politique?», indique Deutsche Welle citant Alexandre Kynev de l’École des hautes études en sciences économiques.
Tous les chemins mènent à Rome. Après avoir passé en revue tous les avantages et les inconvenants des quatre stratégies, on arrive à la dernière et la «plus simple» (voire la plus souhaitée).
«Renoncer au vote se répercute directement sur le taux de participations. […] Les politologues sont unanimes sur ce point – gagner avec un taux de participation faible n’est pas très prestigieux», lit-on dans l’article.
Prendre cette publication à la légère? Et si à une semaine de l’élection allemande, américaine ou française un média russe avait diffusé dans la langue du pays du vote un mode d’emploi similaire, l’auriez-vous fait?