Grâce au voyage présidentiel d'Emmanuel Macron, la France aurait obtenu en Inde 13 milliards d'euros de contrats et dont 12 milliards pour la seule entreprise Safran. Si cette information, communiquée par l'Élysée et relayée par une grande partie des médias dont LCI et Le Monde, permet de qualifier de «moisson» de contrats le voyage présidentiel, notamment par Les Échos et RFI, de «flopée de contrats» pour Capital, elle est pourtant totalement inexacte et pourrait être considérée comme une fake news.
Quant aux autres contrats, l'Élysée a annoncé 19 autres signatures, dont trois pour Alstom. Si le montant devrait s'élever à 75 millions d'euros, il conviendra là encore d'attendre de savoir qui de Siemens ou d'Alstom profitera pleinement de ce nouveau contrat. Rappelons que, souhaitant créer un géant européen du ferroviaire dans le but de contrer le leader chinois CRRC, l'entreprise allemande Siemens va absorber les activités ferroviaires d'Alstom fin 2018.
Outre de nombreux «petits contrats et accords de principe», le groupe français Suez, expert mondial dans les gestions de l'eau et des déchets aurait signé un accord pour 70 millions d'euros.
Enfin, si l'Élysée a annoncé un investissement d'environ 200 millions d'euros en Inde, on pourra remarquer que le secteur de l'armement et du nucléaire repart bredouille. En effet, alors que la France avait vendu 36 Rafale à l'Inde après 15 années de tractations, le gouvernement et l'entreprise Dassault espéraient que la visite du Président ferait avancer le dossier. Quant aux 6 réacteurs nucléaires, le flou règne sans partage. Si EDF souhaite officiellement depuis 2010 construire la plus grande centrale nucléaire du monde à Jaitapur, ville portuaire de la mer d'Oman, le dossier piétine. Les «avancées majeures» de l'Élysée accouchent d'un espoir de signature «avant la fin de l'année».
Au-delà de ces aspects économiques, France Info et son envoyé spécial préfèrent d'ailleurs retenir la visite du couple Macron au «palais de la couronne»:
«Il restera d'abord ces images très symboliques d'Emmanuel Macron au Taj Mahal en compagnie de son épouse Brigitte, l'étape incontournable de toute visite en Inde.»
Annoncée par l'Élysée comme une visite d'ordre «purement privée», le couple Macron était accompagné pour la découverte du «grand temple de l'amour» par son sherpa, l'ambassadeur de France à New Delhi, trois conseillers de son équipe de presse ainsi que sa photographe officielle, et des journalistes de l'AFP, de TF1, de France 2, de Paris Match et de Best Images.
Interrogé sur la définition du mot «privé» juste avant son retour en France ce lundi 12 mars, le Président Macron, irrité et énervé, a répondu de manière très sèche à une journaliste:
L'avenir dira à qui profite le crime: à Macron qui «clash» des journalistes, considérant leurs questions débiles et pleines de jalousie ou bien à la population française qui sera peut-être, à l'avenir, moins exposée à ces informations de premier ordre.
D'autant plus, qu'Emmanuel Macron, outre la couronne de fleurs déposée devant le mausolée de Gandhi, a réalisé d'autres interventions «stratégiques».
Tout d'abord, lors de la déclaration commune avec le Premier ministre Narendra Modi, le Président a confirmé que la France accorderait à la marine indienne des facilités portuaires, notamment pour éviter que les océans Indien et Pacifique ne deviennent des lieux d'hégémonie: s'accordant à dire que la France et l'Inde faisaient entrer leur accord stratégique dans une nouvelle ère parce que les deux pays avaient une vision commune, Emmanuel Macron a visé à demi-mot la puissance chinoise et notamment sa marine. Des coopérations dans la surveillance et contre le terrorisme ont aussi été annoncées entre les deux pays ce 9 mars dernier.
De plus, le Président s'est largement adressé à la jeunesse indienne, notamment dans le but d'accroître le nombre d'étudiants indiens en France:
Si la présence de Jean-Yves le Drian aux côtés d'Emmanuel Macron n'a donc permis de signer des contrats d'armement, celle de Ségolène Royale a été davantage remarquée.
«Certains ont décidé de quitter l'arène, mais d'autres ont décidé d'agir.» Ce sont par ces mots, probablement en référence à la décision de Donald Trump, qu'Emmanuel Macron a inauguré, aux côtés de Narendra Modi, l'Alliance Solaire Internationale (ASI). L'ambassadrice de l'ASI, Ségolène Royale a résumé cette résolution ainsi:
«Ces pays qui se situent partiellement ou en totalité entre le tropique du Cancer ou du Capricorne —, sont souvent les plus riches en soleil, mais aussi souvent les plus pauvres, et ils n'ont pas les moyens d'exploiter cette énergie.»
Si une trentaine de pays était présents lors de cette première ASI, il est a noter que les principaux producteurs mondiaux d'électricité solaire en étaient absents. En effet, la Chine, les États-Unis, le Japon et l'Allemagne n'étaient pas de la partie. Mais ce déficit de crédibilité mondial n'a pas freiné les ardeurs du Président de la République qui, après avoir investi 300 millions d'euros dans l'ASI, a déclaré lors du sommet que la France allouerait 700 millions de plus d'ici 2022 par l'Agence française de développement portant ainsi la contribution française à 1 milliard.
Si Emmanuel Macron n'a pas permis à la France et à ses entreprises de gagner 13 milliards, il lui a au moins permis de développer sa lutte contre l'injustice climatique: