Un débat national d'une ampleur «hors normes» sur le projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure dans la Meuse. Rien de moins! C'est la réponse de Sébastien Lecornu, secrétaire d'État à la transition écologique, formulait le 7 mars dernier, en réponse à la manifestation des populations locales qui avaient engendré des affrontements entre forces de l'ordre et opposants au projet le 3 mars dernier.
Le sénateur de la Meuse, Gérard Longuet, estimait dans l'émission Dimanche en Politique du 18 février dernier que relancer la concertation serait une erreur. Il expliquait:
«C'est un projet qui mûrit lentement depuis 1993. Cela fait 24 ans que nous avançons sur ce projet en respectant les études scientifiques, les débats publics et les procédures législatives.»
«J'ai conseillé [au ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot] de ne pas hésiter à recevoir les gens qui ont un avis différent en faisant la différence avec les casseurs anarchistes», expliquait l'élu meusien dans son communiqué de presse.
Gérard Longuet expliquait pour sa part que le projet de stockage des déchets nucléaires «a des adversaires qui se réveillent d'une façon violente», mais espère que cela ne changera rien à la détermination du gouvernement, puisque les opposants ne proposent pas de solution à l'épineux problème des résidus fortement radioactifs.
«Pourquoi craindre le pire [des manifestations de plus en plus violentes, ndlr]? Les cagoulés sont très gentils, mais ils ne règlent rien. […] Ils n'apportent aucune solution, aucune réponse.»
Le rétropédalage du gouvernement sur le dossier de l'aéroport Notre-Dame des Landes en dépit d'un résultat favorable lors d'un référendum local a peut-être participé à galvaniser les opposants à d'autres projets contestés, à l'image du CIGEO de Bure.
Alors que le député meusien Bertrand Pancher saluait dans un second communiqué la décision du gouvernement d'abandonner le projet d'aéroport à Notre-Dame des Landes —une décision qu'il qualifiait d'évidente, car «cristallisant depuis bien trop longtemps toutes les oppositions»- il ne semble pas du même avis sur le projet qui fait polémique dans sa circonscription.
Si la concertation annoncée par le gouvernement de Macron était à l'origine prévue dans le texte de loi, les alternatives sont limitées. La mission Granit de 1999 avait en effet pour but de trouver un second site pour l'ouverture d'un laboratoire d'enfouissement des déchets, mais s'était soldée par un échec cuisant, se heurtant à l'opposition des populations.
Pourtant, tout le monde s'accorde sur la nécessité de stocker les déchets issus du parc nucléaire français. Le projet de stockage géologique est pour le sénateur meusien une «nécessité absolue pour la France» qui, avec ses 58 réacteurs, doit préparer l'avenir. Le député Pancher parle quant à lui d'un «mal nécessaire» tandis que le ministre de l'Écologie estimait qu'il s'agissait de «la solution la moins mauvaise».
«La loi sur la gestion des déchets radioactifs de 2006 considère que le stockage géologique profond est la solution de référence pour protéger l'Homme, l'environnement et les générations futures», rappelait un employé de l'Andra, M.A. Martin.
Une somme que la zone, en proie au chômage, à la désertification et au vieillissement de la population, ne peut refuser, même si elle doit pour cela accepter de servir de poubelle à une industrie à laquelle elle sera liée —qu'elle le veuille ou non- indéfiniment.
«C'est, pour le département de la Meuse, une opportunité formidable d'être accrochée à un atout stratégique français: le nucléaire», observait d'ailleurs Gérard Longuet.