Le bouddhisme devient-il de moins en moins tolérant en Asie?

Loin de l'image d'Épinal d'un bouddhiste éthéré et tolérant, la religion phare en Asie est, dans des pays comme le Sri Lanka ou la Birmanie, sous l'influence grandissante de moines nationalistes aux sermons agressifs, visant notamment les musulmans.
Sputnik

La semaine précédente, dernier exemple en date de violences intercommunautaires: des foules bouddhistes ont mené des émeutes antimusulmanes ayant fait au moins trois morts au Sri Lanka.

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Non loin de là, en Birmanie, actuellement secouée par la crise des musulmans rohingyas, la figure de proue du nationalisme bouddhiste, le moine Wirathu, a renoué avec ses sermons enflammés. Il avait été interdit de prise de parole publique en 2017 après s'être réjoui du meurtre d'un avocat musulman.

Et dans la Thaïlande voisine, où le nationalisme bouddhiste est néanmoins bien moins fort, un moine a fait scandale après avoir appelé à incendier les mosquées.

Pour Michael Jerryson, spécialiste des questions de religion à l'université américaine de Youngstown et auteur d'un récent livre sur le bouddhisme et la violence, cette religion n'échappe pas à la justification de la violence par des prétextes religieux.

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«Il y a un état d'esprit commun, que ce soit au Sri Lanka, en Birmanie ou en Thaïlande (…) selon lequel le bouddhisme est menacé», explique-t-il.

Et la menace, selon ces bouddhistes soucieux de préserver la prédominance de leur religion dans leur pays, c'est l'islam. Et ce même si les musulmans y sont ultra-minoritaires, de l'ordre de quelques pour cent.

La destruction des statues de Bouddhas de Bamiyan par les talibans en Afghanistan a profondément marqué l'imaginaire bouddhiste. Et l'ambiance globale de «guerre contre le terrorisme» contribue à l'islamophobie, à laquelle l'Asie n'échappe pas.

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