Cette année, la Journée mondiale du rein est célébrée pour la 13e fois, ayant démarré le 9 mars 2006 sur décision de la Société internationale de Néphrologie et la Fédération internationale des Fondations du rein. La Russie s'y est jointe en 2010. La dernière Journée remonte au 9 mars 2017 avec, pour thème, «Rein et obésité: une vie saine pour des reins sains». 2018 se concentre sur la santé rénale des femmes.
Les reins, un organe muet et patient
La Journée mondiale du rein a lieu chaque année le deuxième jeudi du mois de mars. Ses objectifs principaux sont de sensibiliser le personnel médical et la population à l'importance du dépistage et de la prévention des maladies rénales, ainsi que de promouvoir un accès équitable et abordable à l'information et aux soins de santé. Elle se pose pour but également d'avertir le public de la nécessité d'adopter des habitudes saines, de consommer suffisamment d'eau et de changer éventuellement de mode de vie. Elle vise enfin à avertir la population mondiale du danger des maladies rénales, qui ont, dans leur majorité, une évolution silencieuse et ne sont malheureusement découvertes que très tard, quand le rein n'arrive plus à assumer sa fonction principale, celle de filtrer tous les déchets. Les reins sont souvent qualifiés d'organes muets et très patients. En effet, les premiers problèmes apparaissent souvent quand les reins ont perdu 70% de leurs fonctions.
Cette année, l'attention est focalisée sur le danger des maladies rénales chez la femme. Car le risque de développer une insuffisance rénale chronique est aussi élevé chez la femme que chez l'homme. Selon certaines études, il est plus probable même que l'insuffisance rénale chronique se développe chez la femme que chez l'homme. Cependant, les femmes dialysées sont moins nombreuses. Pour trois raisons principales: la progression de l'insuffisance rénale chronique est plus lente chez la femme que chez l'homme, l'existence de barrières psychologiques et socio-économiques telles qu'une conscience plus faible de la maladie entraînant un commencement tardif de traitement et l'accès inégal aux soins, un grand problème dans les pays qui n'ont pas un accès universel aux soins de santé.
D'après son danger, la maladie rénale chronique, ou insuffisance rénale chronique, se situe sur le même plan que les maladies cardiovasculaires, celles du système respiratoire, le cancer et le diabète. Or, ce diagnostic ne figure presque jamais dans les statistiques concernant le taux de mortalité, car les maladies rénales pèsent de tout leur poids sur le cœur et l'homme meurt des suites du délabrement de son petit «moteur». Ce qui induit en erreur et détourne l'attention de ce problème.
Au niveau mondial, l'importance des maladies rénales semble aujourd'hui sous-estimée. En effet, le diagnostic est souvent posé à un stade tardif car la dégradation de la fonction rénale est généralement progressive et silencieuse. Les traitements sont peu nombreux, et l'évolution de la maladie nécessite fréquemment un recours à la dialyse ou à la transplantation.
Aujourd'hui, un adulte sur 10 souffre d'une affection rénale, y compris environ 200 millions de femmes dans le monde. Chaque année, en raison d'un diagnostic tardif, des millions de personnes décèdent prématurément d'insuffisance rénale chronique et des complications cardiovasculaires qui lui sont associées. Selon certaines études, il est plus probable que l'insuffisance rénale chronique se développe chez la femme que chez l'homme, avec une prévalence de 14% en moyenne chez la femme et 12% chez l'homme.
L'insuffisance rénale est très répandue dans le monde. Selon certaines évaluations, elle est présente chez 15% de la population mondiale, mais sa propagation n'est pas uniforme. Ainsi, la maladie touche de 6,8% de la population en Europe occidentale (Espagne) à 15,9% en Europe orientale (Pologne), concerne entre 10% et 17% des Américains (en fonction des groupes ethniques) et atteint plus de 20% de la population au Japon. En Russie, plus de 15 millions d'habitants souffrent de maladies rénales et environ 30.000 sont soignés par dialyse. Dans le monde, le nombre de malades traités par cette technique est de quelque 2,5 millions et va croissant à raison de 7% à 8% par an, affirme le Service de prévention médicale de la région de Moscou.
Le régime du XVIIe siècle
Pour aider vos reins à fonctionner correctement, il importe notamment d'avoir une alimentation saine. Le meilleur moyen est d'adopter le régime dit du XVIIe siècle, lorsque le sel était si rare et si cher que les hommes étaient «obligés» de manger sain et naturel. Car, pour conserver les aliments, il faut utiliser de grandes quantités de sel et d'agents chimiques qui doivent par la suite être désactivés dans le corps. Et pour les détruire et les rendre inoffensifs, nos reins travaillent sans relâche à la limite de leurs forces. En outre, il est important de rester très prudent en prenant des antibiotiques, des analgésiques et des médicaments antiviraux, a souligné Oleg Kotenko, néphrologue du Département de la santé de Moscou et adjoint au médecin en chef de l'Hôpital N52 de Moscou, dans une interview au journal russe Arguments et faits.
Mieux vaut prévenir que guérir
La France tient du 3 au 10 mars la Semaine nationale du rein, une opération de sensibilisation proposant des dépistages gratuits. Selon l'association France Rein, 11.000 personnes dans le pays apprennent chaque année qu'elles souffrent d'une insuffisance rénale chronique et 6 millions de personnes seraient malades sans le savoir, la maladie évoluant silencieusement.
Dans 50% des cas, les maladies rénales chroniques qui conduisent à l'insuffisance rénale sont la conséquence d'un diabète ou d'une hypertension artérielle. 5 à 10% de la population française souffriraient d'une maladie rénale pouvant conduire à une insuffisance rénale.
82.000 patients dans l'Hexagone vivent grâce à la greffe ou la dialyse. Cette dernière méthode de soins, qui consiste à purifier le sang en le faisant circuler dans une machine, nécessite trois séances de trois ou quatre heures par semaine. Il faut donc réagir avant que les reins ne filtrent plus.
En Russie, selon les données de l'année passée, 50% des malades entament un traitement à l'étape de la dialyse, alors que le chiffre n'est que de 20% pour les pays occidentaux, a indiqué Oleg Kotenko. Or, «le problème peut être résolu, il suffit de consulter un médecin», a-t-il affirmé. Mais les Russes s'intéressent peu à leur santé et «s'adressent souvent trop tard aux médecins», a-t-il constaté.
Pourtant, il est impératif de se focaliser sur le dépistage plutôt que sur le traitement. Un patient ayant une maladie rénale chronique «coûte» à l'État entre 25.000 et 40.000 roubles par an (entre 350 et 570 euros), tandis qu'un patient sous hémodialyse revient à deux millions (plus de 28.000 euros).
Dans le cadre de la Journée mondiale du rein, les hôpitaux et autres établissements médicaux de tous les pays participants accueillent ceux qui souhaitent passer des séances de dépistage. En outre, pour soutenir l'initiative, le Département de la Santé de Moscou et l'Hôpital N52 ont organisé ce 8 mars un «néphro-marathon» prévu pour quelque 700 personnes qui testent leurs forces dans des courses de un et de trois kilomètres.
La Russie prévoit de former cette année le Registre des personnes atteintes par des maladies rénales, a indiqué Oleg Kotenko à la veille de la Journée mondiale du rein. Il a précisé que, selon une campagne de dépistage parmi 94.000 Moscovites qui ne se plaignaient pas de maladies rénales, ces dernières affectaient 4% des habitants de Moscou et non 0,6% comme indiqué dans les statistiques officielles.
Comment préserver vos reins: les huit règles d'or
Affectant lourdement la qualité de vie des personnes touchées, les troubles rénaux sont souvent qualifiés de «tueurs silencieux». Cependant, il existe plusieurs moyens de réduire le risque de développement d'une maladie rénale et la Journée mondiale du rein a établi ses règles d'or.
1. Rester en forme et actif
2. Contrôler régulièrement sa glycémie
3. Surveiller sa pression sanguine
4. Manger sainement et surveiller son poids
5. Maintenir un apport en liquides adéquat
6. Ne pas fumer
7. Ne pas consommer de médicaments en vente libre de façon régulière
8. En présence d'un ou plusieurs facteurs de risques, contrôler sa fonction rénale.