Des historiens de l'Art qualifient Gely Korzhev de «peintre du malheur russe» et de représentant du style «sévère». Muni de son impitoyable pinceau, cet artiste de l'époque soviétique n'avait pas peur de peindre la réalité du peuple soviétique en toute franchise et honnêteté.
Plus tard, Korzhev, enfant de son époque, n'a pas pu s'adapter à la réalité brutale des années 90. C'est ainsi que ses œuvres ont acquis un caractère surréaliste, représentant le capitalisme de l'époque de la pérestroïka d'une manière grotesque. Des créatures épouvantables, inspirées d'œuvres de Francisco de Goya et de Jérôme Bosch, peuplent les toiles de Korzhev. Elles sont censées mettre en relief la situation actuelle.
Ce surnom de «peintre du malheur russe», s'explique certainement par les sujets qu'évoque Korzhev, dont la pauvreté des soviétiques, les souffrances de la guerre, la brutalité des «moujiks» qu'il peignait d'une manière exceptionnellement droite. Les personnages de ces peintures ne sont pas des héros, mais de simples personnes avec un destin difficile.
Korzhev a même incarné le sujet de la Seconde guerre mondiale, non pas à l'aide des victoires et des exploits, mais par le biais de portraits des soldats inconnus représentés de manière juste et impitoyable.
Pour son époque, Korzhev a brisé avec insolence les canons de l'art russe. Ce sont les œuvres qu'il a créées pendant la pérestroïka qui montrent le plus d'audace, le plus de liberté artistique. Il a également réalisé quelques séries philosophiques et bibliques.