674 agriculteurs se sont donné la mort entre 2007 et 2011. Près d'un suicide tous les deux jours, un excès de mortalité de plus de 20% dans le monde agricole par rapport à la population globale, telles sont les effarantes statistiques publiées en juillet 2017 par Santé publique France. En première ligne, la production laitière et l'élevage bovin, touché de plein fouet par différentes crises, notamment celle du lait, endémique.
«Je vais produire du lait en Russie. La Russie a besoin de lait. Il faut donc apporter des vaches pour créer de la richesse.»
Pour Philippe Camus, outre l'opportunité commerciale qu'offre la Russie, une autre raison lui a donné des envies d'ailleurs: la politique agricole menée par le gouvernement français, qui étouffe, selon lui, les agriculteurs. Un secteur d'activité pourtant déclaré comme un «investissement stratégique dont dépend notre souveraineté» par Emmanuel Macron.
«En France, c'est l'administration qui commande. Vous mettez les capitaux et c'est le fonctionnaire qui décide pour vous […] On ne décide de rien, on est les ouvriers agricoles de la DDA [Direction départementale de l'agriculture, ndlr], 365 jours par an, pour 500 € par mois.»
L'herbe serait-elle donc plus verte en Russie? Oui, selon Philippe Camus, comparé à la France où «l'on décourage les gens de prendre des risques, d'investir, où tout est verrouillé.» Soit «vous êtes bien placé», soit «vous n'êtes rien, suivant la formule de notre Président.» L'agriculteur estime que
«la Russie est le pays de la liberté d'entreprendre […] On a plus de choix, on a moins de pression.» En effet, comme Philippe Camus le rappelle, «quand votre marge est de 1 ou 2%, s'il vous arrive un incident climatique, vous êtes morts.»
Avec la volatilité des prix, l'accord Mercosur ou encore l'incertitude entourant la future réforme de la PAC (politique agricole commune), l'exemple de Philippe Camus va-t-il faire des émules?