Des étagères qui s'étalent sur au moins 85 km quadrillent les archives secrètes du Vatican. Rien d'étonnant à ce que cela offre un terrain fertile à toutes sortes de légendes, de mythes et de théories du complot: que cache l'Église catholique dans les «Archivio Segreto» du Vatican, quels secrets macabres pourraient éclater au grand jour, si l'on avait la possibilité de consulter tous les documents qu'abritent ces caves? Difficile de répondre sans tomber dans les spéculations les plus farfelues, comme le font les partisans des théories du complot.
Au demeurant, le Vatican s'est mis à déclassifier progressivement ses archives, révélant ainsi la valeur historique inestimable de ces documents.
Le «bunker» sous-terrain
Le cœur des «archives secrètes» est une cave souterraine sur deux étages, communément appelé «le bunker», relate le journal Der Spiegel. Certains prétendent que celui-ci protègerait même des bombes nucléaires et abriterait par conséquent les documents les plus fragiles.
Cependant, les archives ne se résument pas au «bunker», loin s'en faut: il y a au moins 600 salles d'archives isolées au Vatican, qui englobent à minima 35.000 documents.
Le document le plus ancien conservé dans les archives, précise le portail d'actualités GMX, provient du VIIIe siècle après J.C. Des écrits encore plus âgés s'y trouvaient auparavant. Datant du IVe siècle, rédigés sur des feuilles de papyrus très fragiles, ils se sont abimés d'eux même au fil des siècles.
Des bulles papales et des lettres d'une valeur inestimable
Les archives, poursuit Die Welt, abritent des lettres adressées au pape entre autres par Michel-Ange, l'empereur Frédéric Barberousse, Abraham Lincoln ou encore l'impératrice Sissi.
Une bulle papale datant de 1520 excommuniant Martin Luther et une lettre élogieuse au sujet de Wolfgang Amadeus Mozart en font également partie.
Autre rareté, une lettre de Marie-Antoinette, emprisonnée après la Révolution, dans laquelle on peut lire: «Les sentiments de ceux qui partagent mon chagrin (…) sont la seule consolation que je puisse recevoir dans ces tristes circonstances», poursuit Le Point.
À côté des actes législatifs du Vatican et de la correspondance politique du pape à partir du XIIIe siècle, les archives «cachent» des livres contenant des décomptes de familles nobles romaines, ainsi que des bulles papales jetant de l'ombre sur le prestige de l'Église catholique, comme par exemple une bulle du pape Innocent IV datant de 1252 approuvant le recours à des tortures afin de soutirer des aveux aux hérétiques les plus intransigeants.
Les actes de procédure contre Galilée et les Templiers
La condamnation de Galilée à la prison à vie, prononcée en 1633 par l'Inquisition après un long procès où il risquait une condamnation au bûcher, est également «documentée» dans les archives. Le savant, défenseur de la thèse héliocentrique de l'univers selon laquelle la Terre tourne autour du Soleil, avait été contraint de se rétracter et ses œuvres avaient été interdites.
Outre les détails du procès de Galilée figure un parchemin de 60 mètres, remontant à 1308 et contenant la confession des Templiers devant trois cardinaux envoyés par Clément V au château de Chinon, ajoute Le Point.
Une lettre fatidique à 81 sceaux
Les archives abritent également le parchemin à 81 sceaux envoyé en 1530 par le roi d'Angleterre Henri VIII au pape Clément VII pour lui demander de dissoudre son mariage avec Catherine d'Aragon, qui ne lui donnait pas d'héritier masculin, afin d'épouser Anne Boleyn, relate Le Monde. La suite est connue: du refus du pape naîtra le schisme anglican. Et Anne Boleyn, accusée d'adultère, d'inceste et de haute trahison, sera décapitée en 1536.