Sept années de conflit, un demi-million de morts, six millions de personnes qui ont quitté la Syrie, les villes d'Alep et de Homs partiellement détruites, un PIB divisé par quatre par rapport à celui de 2011. Les combats font toujours rage mais Daech, en tant que territoire, est pratiquement détruit et l'armée syrienne a le contrôle aujourd'hui de plus de 70% du pays. Après une telle guerre civile, la Syrie peut-elle se relever?
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Peut-on d'ores et déjà parler de reconstruction pour la Syrie? Jean-Pierre Duthion, consultant média et ancien expatrié français en Syrie pendant sept ans, où il a notamment été emprisonné, déclare qu'il est sans doute prématuré d'en parler car «aujourd'hui le pays est toujours en guerre même si elle est beaucoup moins flagrante que ce que ça pouvait être il y a quelques mois».
Lui qui a favorisé, avant la guerre, l'arrivée de Carrefour et de KFC parce qu'il y avait «à l'époque, la possibilité pour le pays de s'ouvrir au marché privé, aujourd'hui cette possibilité a totalement disparu». Ce pays proche-oriental qui, selon la Banque mondiale, a subi un coût de destructions de 189 milliards de dollars, se trouve dans l'incapacité totale aujourd'hui «d'être intéressant en terme économique, pas en termes stratégiques, pour des partenaires éventuels sachant que l'Occident ne mettra jamais un euro ou un dollar dedans tant qu'il n'y aura pas de transition».
La vraie question pour Philippe Moreau-Defarges, ancien diplomate et spécialiste des questions géopolitiques, c'est la paix. Selon lui, il n'y aura pas de paix en Syrie à cause de deux facteurs: «parce qu'il y a beaucoup d'acteurs qui ont intérêt à ce que la guerre continue» en citant Israël, l'Iran et l'Arabie saoudite. Et deuxio, «pour qu'il y ait la paix, il faut qu'il y ait un fort qui puisse imposer la paix. La paix ça s'impose».