Les armes du futur US, un gouffre financier pour un maigre résultat?

En 2018, le budget de la défense américaine a atteint les 700 milliards de dollars. La partie, d’argent, de cette enveloppe allouée à la recherche et au développement a servi à financer la mise au point et les essais d’armements qui ne peuvent pas être utilisés ou qui n’ont pas fait leurs preuves en situation de combat. En voici trois exemples.
Sputnik

Les États-Unis enterrent l'idée du railgun
Le 16 novembre 2017, la chambre des représentants américaine a adopté, à l'unanimité, un budget de 700 milliards de dollars pour les dépenses militaires de l'année budgétaire 2018.
Prenant en compte l'argument des menaces des missiles balistiques nord-coréens, les parlementaires américains ont approuvé une hausse d'environ 50% du budget de l'Agence de défense antimissiles, qui passera de 8,2 à 12,3 milliards, afin de financer de nouveaux intercepteurs dont le railgun et le Hyper Velocity Projectile (HVP). Il est aussi prévu l'achat de 90 nouveaux avions de chasse de type F-35.

Or, des experts militaires dénoncent le fait que beaucoup d'argent a été dépensé dans la conception et la fabrication de ces équipements pour des résultats qui laissent à désirer.

Le railgun, un gouffre financier

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La mise au point du railgun (canon électrique), qui devait équiper le destroyer américain de dernière génération, l'USS Zumwalt mis en service le 15 octobre 2017, n'est pas terminée. Selon la revue Defensetech, ce canon est en train de passer de nouveaux tests pour vérifier sa capacité d'effectuer des tirs plus puissants avec une cadence plus élevée. L'objectif, selon Tom Beutner, responsable du département Naval Air Warfare and Weapons de l'ONR (Office de Recherche Navale), est de dix coups par minute à 32 mégajoules. Avec cette énergie, le railgun, dont la portée est de 160 kilomètres, pourrait lancer un projectile qui atteindrait une vitesse de Mach 6 (6 fois la vitesse du son).

Le problème qui se pose et qui retarde encore la livraison du railgun est la durée de vie des pièces qui le composent. L'énergie cinétique libérée lors d'un tir détériore progressivement les parties mécaniques de l'arme. En 2009, année où le railgun a été testé la première fois par la Marine américaine, la revue Mecaniques Populaires a fait état de l'insatisfaction de cette dernière. «Quelques tirs peuvent déloger les rails conducteurs de leurs emplacements, voire endommager le canon de l'arme», pouvait-on alors lire dans cette revue.

Il ressort de cette situation que les navires ne recevront pas leurs railguns tant que la Marine n'aura pas été convaincue que ces armes sont prêtes à être utilisées en mer. En d'autres termes, elles doivent être améliorées ce qui nécessite de nouvelles dépenses.

HVP, une munition manquant de précision

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Concernant le HVP que le railgun est supposé lancer, vu que ce dernier n'est pas encore prêt, il serait utilisé dans l'artillerie. Mais, cette décision semble difficile à mettre en œuvre. C'est Vincent Sabio, directeur du programme HVP du Pentagone Strategic Capabilities Office, qui a eu l'idée d'armer les systèmes d'artillerie avec ces projectiles pour créer une couche de défense supplémentaire aux systèmes de défense antimissile existants. Il estime que le HVP est beaucoup moins cher que les missiles sol-air et qu'il peut être facilement installé sur des plates-formes mobiles. Il n'est pas besoin de camions, de remorques ou de silos pour le rendre moins vulnérable. Ce système de défense avec le HVP sera testé dans un an.

Cependant, ce projectile présente un défaut qui le rend partiellement non opérationnel: sa précision. Pour qu'une telle arme soit efficace, il faudrait que «l'espace aérien soit saturé avec un grand nombre de HVP coûtant 85.000 dollars par casse, pour contrer les cibles aériennes…», explique l'expert militaire, Arkady Savitsky. « mais ce prix est-il définitif? Le coût initialement estimé était de 25.000 dollars par casse. Il continue d'augmenter», a-t-il ajouté.

Le HVP qui aurait «une portée opérationnelle de seulement 80 km quand il tiré à partir de l'artillerie d'un calibre de 155 mm de diamètre, et de 130 km à partir de systèmes avancés de canon à bord (AGS)», n'est en rien à vanter, écrit l'expert. En effet, selon lui, un nouveau système d'artillerie russe «offre des capacités de frappes comparables, avec des projectiles beaucoup plus destructeurs, avec une grande précision». Le nouveau canon russe d'une portée de 70 km est déjà en service, affirme-t-il.

Le F-35, pas à la hauteur des chasseurs de 5ème génération

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Le chasseur-bombardier de cinquième génération F-35, qui a déjà coûté au contribuable américain la coquette somme de 406,5 milliards de dollars, posera beaucoup de problèmes à l'Armée de l'air américaine: l'optimisation et les essais en vol de l'appareil sont loin d'être terminés, tandis que ses insuffisances limitent considérablement ses domaines d'utilisation, écrit Dan Grazier, observateur à la revue The National Interest.

«Le nouvel avion n'a pas la facilité de manœuvre de ses prédécesseurs. Sa capacité de vol à des vitesses subsoniques est inacceptable du fait qu'il est soumis aux forces aérodynamiques qui réorientent subitement son vecteur», indique l'expert.

En plus, le F-35, explique Dan Grazier, est absolument inadapté dans un combat aérien, étant donné que son système opérationnel n'est capable de gérer que deux missiles air-air à la fois? En plus, ce chasseur, qui est conçu pour soutenir les troupes au sol, s'avère incapable de voler à des vitesses réduites. Par ailleurs son logiciel ne réussit pas à coordonner le canon à quatre tubes GAU-22/A dont l'appareil est équipé.

«A ce jour, pas une seule version du F-35 n'est capable de se servir de son canon en situation de combat», affirme l'auteur de l'article.

A cela s'ajoute le coût d'exploitation du F-35. Une heure d'essais en vol coûte 44.000 dollars au contribuable américain. «A ce prix-là, les pilotes ne pourront jamais passer dans la cabine le temps suffisant pour se familiariser avec l'appareil», estime Dan Grazier.

Malgré toutes les sommes allouées à la défense, les USA n'ont pas obtenu les résultats qu'ils escomptaient. Peut-être serait-il temps de réorienter au moins l'argent de la recherche vers d'autres domaines comme la santé et l'éducation.

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