La vague d'indignation et de propos retentissants qui a suivi la signature par le Président polonais Andrzej Duda d'une loi controversée sur l'Holocauste s'explique pour beaucoup par nos querelles politiques intestines et la tenue imminente des élections, a estimé dans un entretien accordé à Sputnik Alexander Gur-Arie, observateur de la chaîne de télévision israélienne ITON.TV.
«Les politiciens qui ont été les premiers à se prononcer au sujet de cette loi ne l'avaient évidemment pas lue eux-mêmes. Elle leur a été résumée et ils se sont immédiatement lancés dans la bataille», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter qu'il y avait effectivement eu des collaborateurs parmi les Polonais, des délateurs polonais et des citoyens polonais qui avaient assassiné leurs voisins juifs, mais le terme même «camps de la mort polonais» n'était pas employé à juste titre.
«Il [ce terme, ndlr] dénature la réalité et tout particulièrement dans les cerveaux encore malléables des jeunes», a souligné le journaliste.
Selon ce dernier, il serait pour le moins absurde par ailleurs d'accuser le gouvernement polonais pour la simple raison qu'il n'existait pas à l'époque. La Pologne ayant été envahie par les nazis, le gouvernement polonais en exil se trouvait à Londres et ne cessait d'appeler les dirigeants des pays européens à considérer ce que faisait l'Allemagne nazie sur le territoire polonais.
«Il est évidemment inutile de nier l'antisémitisme dans le passé et le présent de la Pologne. Dans une certaine mesure, il a été relancé par cette vague de propos négatifs depuis Israël», a supposé M.Gur-Arie.
Et de rappeler à cette occasion qu'une visite du ministre israélien de l'Éducation en Pologne avait été annulée par Varsovie.
«Il faut sans doute préciser certaines formules [de la loi, ndlr]. Lors d'un entretien téléphonique entre notre Premier ministre et le chef de l'État polonais, ce problème a été abordé. Il a été convenu de libeller le texte plus correctement pour éviter les ambiguïtés», a noté l'interlocuteur de Sputnik.
Il a reconnu que cet épisode avait jeté un froid sur les relations entre la Pologne et Israël.
«Quoi qu'il en soit, j'espère qu'Israël ne rappellera pas son ambassadeur en Pologne, et tout se réglera par la négociation», a conclu l'interlocuteur de Sputnik.
Le Président polonais Andrzej Duda a signé une loi sur l'Holocauste qui vise à défendre la Pologne contre ceux qui l'assimile aux crimes nazis.
Cet acte prévoit trois ans de prison pour ceux qui accusent la nation polonaise d'avoir participé aux crimes commis par le 3e Reich allemand.
Pour défendre le pays sur l'échiquier mondial et préserver son statut, il a été décidé d'éliminer l'expression «camps de la mort polonais», utilisée par les médias et les hommes politiques pour parler d'installations faites par les Allemands en Pologne occupée.
D'après Andrzej Duda, cette loi «préserve les intérêts de la Pologne», sa dignité et la vérité historique.
Certains pays comme Israël, les États-Unis et l'Ukraine ont déjà manifesté leur mécontentement à propos de ce document.