Vous avez dit fantôme? Faut-il se fier aux vidéos sur le Web?

Des vidéos d’ovnis, de fantômes et d’autres créatures étranges inondent la Toile. Ils suscitent depuis toujours un vif intérêt chez les internautes. Existent-ils pour de vrai ou ne seraient-ils que le fruit de l’imagination de leurs réalisateurs usant de logiciels spécialisés? Un informaticien russe le commente à Sputnik.
Sputnik

Une ancienne maison britannique habitée par un fantôme? (vidéo)
Ils déplacent des meubles et produisent des bruits qui font froid dans le dos. Invisibles à l'œil humain ou presque transparents, les fantômes venus de l'au-delà ou les extraterrestres ne cessent d'alimenter l'imagination de la Toile. Celle-ci s'échauffe encore plus par le biais de vidéos postées en abondance. Faut-il se fier à ces vidéos ou ne sont-elles faites que pour alimenter la polémique? Le maître de conférences en informatique et en programmation de l'Institut des mathématiques appliquées, Anton Pankratov lève le voile sur ce mystère dans une interview à Sputnik.

«Pour créer ce type de vidéo, on a recours à certaines méthodes techniques et psychologiques qui visent initialement un public prêt à accueillir favorablement cette thématique», explique-t-il.

Un Ovni repéré? Un éclat de lumière clignote à travers le ciel de l'Arizona, en vidéo
D'après lui, trois types de montage sont généralement utilisés pour créer «une scène artificielle», notamment l'incrustation. Cette dernière est une technique d'effets spéciaux qui consiste à intégrer dans une même image grâce à un logiciel, des objets filmés séparément ou des objets 3D faits par ordinateur.

Une autre technologie est la «motion capture» qui devient de plus en plus populaire. Elle permet d'enregistrer les positions et les mouvements d'objets ou d'êtres vivants et en obtenir une contrepartie virtuelle sur ordinateur. Elle donne un meilleur résultat mais reste toutefois assez cher et complexe pour être utilisée chez soi.

Comme l'indique M.Pankratov, la plupart des amateurs réalisant des vidéos sur des phénomènes paranormaux dans le but d'attirer l'attention sur leur chaîne YouTube se servent de technologies assez simples.

«Ils utilisent des technologies combinées avec, notamment, la déformation de la vidéo. Par exemple, pour que la scène soit moins visible et laisse place à l'imagination du spectateur. Ensuite, Ils utilisent souvent des techniques de mise en scène de "théâtre", par exemple, lorsqu'il simule le mouvement d'objets à l'aide d'une ficelle ou par une manipulation hors-champ», a-t-il relaté.

Un bateau fantôme rempli d’«aliens» échoue sur une plage US
Même si toutes les vidéos de ce genre sont à prendre avec des pincettes, beaucoup d'internautes tombent dans le panneau, en se livrant à des discussions animées et en avançant les théories les plus spectaculaires.

Pour se rendre compte par soi-même en toute connaissance de cause et avec un brin d'humour, nous vous proposons ici de comparer et analyser deux vidéos éveillant la curiosité des internautes.

Sur la première vidéo, l'action se déroule dans l'école irlandaise Deerpark CBS dont les caméras de surveillance auraient filmé un «fantôme» en train de s'amuser à claquer des portes et à renverser des casiers pendant la nuit.

«C'est un exemple parfait de la mise en scène théâtral où les mouvements des objets sont expliqués par leur manipulation par quelqu'un qui se trouve hors-champ. Il tire des ficelles faisant bouger les objets, jette des livres sans qu'on ne le remarque ou encore balance une armoire à travers la fenêtre», tranche M. Pankratov pour qui cette mise en scène n'a rien de «mystérieux».

Par ailleurs, après avoir provoqué le buzz sur internet, l'école a avoué, elle-même que cette vidéo était réalisée à des fins de divertissement à l'approche d'Halloween.

Une autre vidéo nous présente «un fantôme» qui se déplace à une vitesse spectaculaire ne laissant aucune chance aux spectateurs d'observer ses traits.

Un OVNI SpaceX dans le ciel de Los Angeles?
D'après les médias, il s'agirait du pénitencier d'Eastern State hanté par des fantômes. Il serait le bâtiment américain hanté le plus étudié. Des dizaines d'équipes de chercheurs de fantômes se rendent chaque année en ces lieux pour y mener leur enquête.

Alors que si l'on en croit certains médias, les origines de ce phénomène ne sont pas encore identifiées, pour M. Pankratov la réponse serait bien simple.

«Cette ombre "mystérieuse" que l'on voit sur cette vidéo de mauvaise qualité n'est rien d'autre que le résultat de la diffusion de l'image ce qui est possible avec des logiciels de traitement de l'image et vidéo les plus simplistes. […] Dès que l'on effectue une opération de l'éclaircissement de l'image, on peut voir des zones de diffusion manuelle», tranche-t-il. Son verdict souligne que ces petites astuces ne servent qu'à impressionner le spectateur qui ne chercherait pas à aller plus loin dans ses recherches.

Un «fantôme» met de l'ordre dans un bar américain (vidéo)
Pour l'informaticien, ces deux vidéos seraient des plus simples du point de vue technologique et n'auraient rien à voir avec les films cinématographiques tournés avec des effets spéciaux beaucoup plus complexes.

«Le succès de la perception de ces vidéos par un public ciblé réside dans les méthodes psychologiques utilisées. Par exemple, cela peut être le son qui fait monter la tension ou bien la création de scènes à la structure artificielle (lorsque des évènements qu'on considère comme irréels se produisent), la compassion pour des gens présents dans la scène ou bien encore "l'esprit grégaire"», a-t-il conclu.

Un petit fantôme, ça vous tente?

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