Parmi les athlètes qui ont pris part à deux importantes compétitions sportives de haut niveau en 2011, presque la moitié a avoué avoir eu recours au dopage. Telles sont les données recueillies par une équipe d'experts qui a organisé lors de ces deux évènements un sondage anonyme avec l'aval de l'Agence mondiale antidopage (AMA). Pourtant, cette dernière a décidé de ne pas rendre publiques ces informations, a relaté la chaîne russe RT.
Les experts ont choisi deux grandes compétitions de 2011: les Championnats du monde d'athlétisme de Daegu, en Corée du Sud, et les Jeux panarabes de Doha, au Qatar. La participation était absolument volontaire et dans les deux cas, le nombre de personnes partantes pour le projet a été important. Ainsi, la proposition de répondre à des questions a été soumise à 1.290 athlètes sur les 1.841 présents à Daegu. 1.203 d'entre eux ont accepté. Pour les Jeux panarabes, le sondage a été réalisé au sein de deux groupes, mais seuls les résultats de l'un d'eux, comptant 965 personnes, ont été analysés.
Il s'est avéré que 43,6% participants aux Championnats du monde et 57,1% des sportifs des Jeux panarabes ont répondu par l'affirmative à la question sur la consommation d'un produit dopant, tandis que 70,1% ont avoué avoir pris des additifs.
Jay Schaeffer, chercheur à l'Université de Northern Colorado, a noté qu'il ne s'était pas attendu à des chiffres aussi élevés comme 44% et 57%.
«À l'issue de cette étude, je peux dire que la situation est une véritable épidémie, a souligné Jay Schaeffer, cité par RT. Il s'avère que la moitié des participants à des compétitions internationales consomment des produits dopants sous une forme ou une autre. Ce qui prouve l'existence d'un problème sérieux dans ce domaine.»
Or, l'AMA et l'IAAF ont gardé le secret très longtemps puisque ces données n'ont été publiées que plusieurs années plus tard. De tels résultats exigent de lancer des enquêtes minutieuses dans la quasi-totalité des pays, mais les organisations internationales ne se sont intéressées qu'à la Russie, avec la sortie, en 2014, du premier film de Hajo Seppelt, le journaliste de la chaîne allemande ARD, à l'origine des révélations sur le dopage dans l'athlétisme.
Un autre membre de l'équipe ayant réalisé l'étude, Andrea Petrozzi, professeur à l'Université Kingston, souligne que même si certains chiffres sont exagérés, la situation suscite une forte inquiétude.
«Le problème existe, mais il est impossible de juger de son ampleur sans connaître le degré de sa prolifération. Même si nous prenons un chiffre moins important, 10% qui, à mon avis, ne reflète pas du tout la réalité, il faut encore savoir qui fait partie de ce pourcentage. Car s'il y a parmi eux des vainqueurs, le problème se pose avec acuité. À l'heure actuelle, selon l'étude que nous avons publiée, le nombre de sportifs consommant des produits dopants est assez élevé. Les chiffres suscitent notre préoccupation et nous ne savons pas combien de sportifs respectent les normes antidopage», a-t-elle noté, citée par RT.
Suite aux accusations portées contre la Russie et ses athlètes se fondant sur le témoignage de Grigori Rodchenkov, ancien directeur du laboratoire russe de lutte anti-dopage et informateur de l'AMA, la Russie a été privée du droit de participer aux prochains JO d'hiver.
Le comité exécutif du CIO a annoncé en décembre dernier la possibilité pour les sportifs russes «propres» de prendre part aux Jeux en Corée du Sud sous la bannière olympique et sous statut neutre. Le 25 janvier, le Comité national olympique de Russie a rendu publique la liste des 169 admis aux JO. Toutefois, plusieurs athlètes de premier plan n'ont pas été inscrits sur cette liste.