Considérant le développement de ces technologies comme l'avenir de l'industrie automobile, des entreprises comme Google, Mercedes, BMW, Volvo et Tesla travaillent soigneusement sur le développement de systèmes permettant aux véhicules de rouler de manière autonome, soit sans l'intervention d'un être humain. De plus, selon une étude publiée par le site Business Insider, pas moins de 10 millions de véhicules autonomes seront sur les routes d'ici 2020!
Néanmoins, même si les avantages du véhicule automatique sont faciles à imaginer, certains conducteurs ne sont pas nécessairement tous convaincus. Ainsi, selon un sondage effectué par l'AAA (American Automobile Association), trois quarts des Américains interrogés avouent craindre de circuler dans une automobile automatique, ne faisant pas forcément confiance à l'intelligence artificielle.
Essayons donc de voir quels sont les avantages et les risques de cette création futuriste.
Les avantages de la voiture sans conducteur
«Les voitures autonomes et connectées ont été conçues pour éviter les erreurs humaines. Le programme intégré permet notamment de réduire le temps de réaction en cas d'obstacle et de freiner plus rapidement. Elles fournissent également de nombreuses informations au conducteur, concernant le délai de changement des feux par exemple, ou encore la distance à prendre par rapport aux autres véhicules», expliquent l'équipe AMA Assurances.
D'après eux, les véhicules autonomes permettent, entre autres, de mieux anticiper les flux des trafics et de réaliser des gains de temps.
Les concepteurs automobiles avancent également des avantages potentiels comme la réduction des accidents, la diminution des embouteillages ou encore le respect des limitations de vitesse. Il ne faut pas non plus oublier les effets bénéfiques pour l'environnement, grâce à la réduction des émissions polluantes et des émissions de CO2.
«Tout autour de la voiture, sont disposés des radars à émission de lumière ou de son, afin de repérer les obstacles, jusqu'à une distance d'une vingtaine de mètres. Des caméras repèrent par exemple les lignes blanches et quatre antennes GPS sont placées sur le toit. […] Elle sait circuler dans un parking et se garer entre deux voitures, puis sortir de sa place en marche arrière, mieux que tous les conducteurs que je connais», souligne l'ingénieur Bob Bittner, dans un article publié sur le portail Futura Tech.
En revanche, il indique également que pour l'heure, ces véhicules ne sont pas à l'abri de problèmes techniques alors qu'ils sont en pleine circulation.
Le premier accident fait semer un doute
La voiture autonome circulait en ville sur la voie la plus à droite de la chaussée. Elle s'est retrouvée bloquée par des sacs de sable disposés autour d'une bouche d'évacuation d'eaux fluviales. Le véhicule a alors entrepris de s'insérer dans la voie centrale alors qu'un bus municipal approchait. Comme on peut le voir sur un vidéo amateur partagé sur YouTube, l'accident qui s'est produit à faible allure (3 km/h pour la voiture, 24 km/h pour le bus) n'a provoqué que des dégâts matériels mineurs.
«Si vous passez suffisamment de temps sur la route, des accidents se produisent, que vous soyez dans une voiture normale ou dans une voiture autonome», a expliqué le directeur du programme de voitures autonomes de Google, Chris Urmson.
Quels sont donc les risques?
Pour Des Butler, spécialiste de l'Université de Technologie du Queensland, les voitures autonomes pourraient constituer une «mine d'or» de données personnelles.
«Ces véhicules sauront les lieux que vous aimez fréquenter, votre entreprise, et peuvent très bien définir votre profil. […] Les gens ne réalisant pas combien de données le véhicule va générer à leur sujet et ils ignorent pour quelle mesure ces données pourraient être utilisées», a-t-il expliqué, cité par The Guardian.
«C'est un problème qui ne se pose pas pour le moment parce que l'accent est mis sur la sécurité de ces véhicules et non sur l'aspect vie privée ou production de données de ces véhicules», a-t-il également ajouté.
Un autre éventuel danger serait, selon le Wall Street Journal, le piratage numérique.
«À mesure que les véhicules se remplissent de plus en plus de commandes numériques et d'appareils connectés à Internet, ils deviennent de plus en plus vulnérables aux cybercriminels, qui peuvent pirater aussi bien ces systèmes que les ordinateurs», peut-on ainsi lire.
Par ailleurs, depuis le test de deux hackers sur une Jeep Cherokee Chrysler, les utilisateurs commencent à douter de l'efficacité de cette technologie.
De son côté, Robert J. Samuelson, chroniqueur du Washington Post, va encore plus loin dans ses réflexions.
«La véritable menace n'est pas le crime ordinaire. C'est la cyberguerre, les attaques de groupes terroristes ou de nations hostiles qui ont l'intention de semer la panique et le désordre social. Imaginez le chaos si un adversaire immobilisait 10% de la flotte des véhicules légers, laissant environ 25 millions de voitures et de camions éparpillés au hasard le long des routes allant du Maine à la Californie», relate-t-il dans son article.
En outre, sans oublier les dysfonctionnements techniques ou la réduction de la visibilité qui pourraient survenir à tout moment, il faudrait aussi évoquer le plaisir de conduire, qui se retrouverait menacé face à la voiture du futur.
En effet, certains constructeurs de véhicules tels que Lamborghini ou Porsche ont fait ce reproche, affirmant que le conducteur ressent généralement un réel plaisir derrière son volant. Pour lui, monter dans une voiture totalement autonome pourrait donc être assimilé à un voyage en train.
Accident provoqué par une voiture sans chauffeur: qui est responsable?
«Si un enfant déboule sur la route sans prévenir, une voiture autonome doit-elle tuer ses trois passagers en les faisant foncer dans le mur, écraser l'enfant ou faucher le motard et son passager sans casque en braquant sur la voie d'à côté? Voilà un dilemme moral pour le moins lourd à résoudre», écrit la Croix, évoquant le problème éthique qui se pose face à l'utilisation des voitures autonomes.
En effet, si aujourd'hui cette décision qui s'avère parfois fatale appartient au conducteur, qui portera la responsabilité demain, lorsque les voitures autonomes n'auront plus que des passagers ?
À ce jour la loi ne dit rien d'un véhicule entièrement autonome.
«Dans tous les cas, il faudra modifier la loi pour faire transférer la responsabilité du conducteur à celle du constructeur», affirme le responsable de l'unitéTechnique et Produits, François Nedey, dans un article du HuffPost.
Néanmoins, ce changement pose plusieurs questions et sollicite une vive polémique autour du sujet.
Comme l'indique Alain Bensoussan, avocat spécialiste des nouvelles technologies interrogé par Le HuffPost, le droit se dirigera vers une «responsabilité sans faute».
«Le problème ce ne sera pas la voiture, ce sera l'algorithme», explique-t-il, soulignant que c'est le créateur du logiciel d'autonomie qui devrait être le responsable par défaut.
Par ailleurs, Google, Volvo et Mercedes ont déjà affirmé qu'ils accepteront de prendre la responsabilité juridique en cas d'accident causé par leur voiture autonome.
«Nous pensons qu'il y aura des boîtes noires dans les voitures, qui ne seront pas accessibles qu'au constructeur, au juge et aux parties en cas de litige, mais à tous les intervenants», renchérit François Nedey.
Si cette question de la responsabilité est déjà assez délicate, il y a encore une autre, bien plus importante, qui se pose. S'il y a un dilemme à faire pour sauver soit un passager soit un piéton, qui serait donc cette victime à sacrifier?
«Sans compter que la question se pose de savoir si l'Homme est vraiment prêt à acheter un véhicule potentiellement programmé pour le tuer? », soulève tout simplement Fawzi Nashashibi, ingénieur de recherches à l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), cité par la Croix.
«L'éthique de l'intelligence artificielle doit être une affaire collective», plaide, à son tour, Jérôme Perrin tandis que pour Cécile Wendling, responsable de la prospective chez Axa, «la voiture autonome est l'exemple typique des problèmes du futur».
Se dirige-t-on ainsi à grand pas vers des lois de la robotique, faisant penser aux horreurs décrites dans certains films de science-fiction?
«Mais aujourd'hui, ce n'est plus de la science-fiction, on rentre en plein dedans. Cela pose de nombreuses questions, même si l'on tranche ces choix moraux: y aura-t-il des normes générales pour les logiciels?», s'interroge François Nedey.
Finalement, sans attendre le robot-conducteur, le problème de la responsabilité se pose déjà avec les blocages des régulateurs de vitesse.
«Les voitures autonomes ne sont pas que des voitures sans chauffeurs. Les radars de recul, les régulateurs de vitesse, l'assistance au stationnement, tout cela est déjà un premier niveau d'autonomie. Le futur, c'est déjà maintenant», conclut Franck Davoine, chercheur au CNRS, cité par la Croix.