Le 1er décembre, Yves Chaloin, originaire de Maurienne et âgé de 61 ans, s'est lancé dans un périple à vélo dont il rêvait depuis longtemps. Il s'est hasardé à traverser 3.200 kilomètres à travers l'une des régions les plus froides du monde, en plein hiver. Ce périple, initialement prévu pour deux mois et demi, a commencé en Yakoutie, et doit se terminer à Magadan, au bord de la mer d'Okhotsk.
Ayant déjà traversé la Russie d'est en ouest en été 2002, fasciné, Yves Chaloin a décidé d'y revenir pour un autre voyage, cette fois-ci en hiver.
«La Sibérie est un endroit unique au monde. Sans doute parmi les plus difficiles. C'est immense, glacial et magnifique. Le seul nom de Sibérie m'a toujours fait rêver», confie à Sputnik le voyageur, qui se déclare être fasciné par la «route de Iakoutsk à Magadan».
Désormais, la température dans la République de Sakha, en Sibérie orientale, descend jusqu'à moins 65 degrés. Bien que cela soit un défi pour le voyageur français, il affirme se sentir bien dans ces conditions.
«Voyager en hiver est difficile et technique. Tout ce qui est simple en été devient difficile. C'est plus intéressant et en plus j'aime beaucoup les ambiances hivernales», ajoute Yves.
La nature en Sibérie est encore plus éblouissante en cette saison.
«Les moments d'admiration absolue sont souvent des passages où la vue est dégagée, ou alors des levers et des couchers de soleil», relate le cycliste.
Ce n'est pas uniquement la nature sibérienne qui le fascine, mais aussi les habitants locaux qui ont accueilli Yves à bras ouverts. Il se rappelle les «femmes responsables d'un jardin d'enfants» qui l'attendaient sur le bord de la route pour l'«emmener manger au chaud à l'intérieur».
«S'il fait moins 40 [degrés], je ne peux pas réparer sur le bord de la route… La solution est d'arrêter une voiture et d'emmener le vélo au prochain abri (café, village…). Mais sur la portion de route que je vais prendre maintenant, il y a très peu de trafic! Une crevaison ici c'est dangereux à cause du risque de refroidissement», raconte Yves.
Et ce n'est pas seulement le vélo du voyageur qui souffre du gel.
«Le visage est difficile à protéger. Il n'y a que les yeux qui dépassent. Le masque est gelé, les cils aussi. Il s'y forme des glaçons et ils collent entre eux. Du coup je ne vois plus grand-chose», raconte-il.
«Ce qui m'intéresse c'est l'idée de rouler partout par toutes conditions. Explorer toutes les formes de pratique du vélo, toutes les plus dures […] Cela fait des années (des décennies) que je roule de jour comme de nuit en essayant d'aller partout en toutes saisons», dit le cycliste, qui indique que voyager à vélo «facilite les rencontres».
A ses «successeurs», Yves conseille de se préparer aussi bien physiquement que matériellement. Il vante la qualité de l'équipement et des vêtements d'hiver qu'il a achetés à Iakoutsk et conseille aux autres voyageurs de se procurer «tout le matériel en dehors du vélo» sur place.
«Ici on n'achète pas des produits marketing mais des vêtements adaptés. Ici ce n'est pas la mode qui est déterminante, c'est la protection contre le froid. Et en plus, c'est moins cher», précise-t-il, en dévoilant l'une de ses astuces.
Le 20 janvier, Yves compte quitter Iakoutsk pour rejoindre Khandyga en voiture et enfin retrouver son vélo «qui est resté à l'attendre sagement là-bas». Le lendemain, il entamera le «tronçon majeur de ce voyage», lors duquel il visitera Oïmiakon, la ville la plus froide du monde.
A l'issue de ce périple, le réalisateur Cédric Bejeanin entend terminer un documentaire sur la vie d'Yves Chaloin intitulé comme son voyage en Sibérie, «Never Never». Le scénario de ce film a été écrit par la femme de M. Chaloin, Olivia, qui est aussi une voyageuse, accompagnant fréquemment son mari lors de ses périples. Cette fois-ci, elle n'a pas pris son vélo mais une caméra pour retrouver Yves à Iakoutsk et filmer une grande partie de son voyage. C'est Olivia qui est en charge des publications sur leur page Facebook, où elle décrit le voyage de son mari.