Le Président de la République veut «une accélération des procédures» de demande d'asile, «des forces de l'ordre exemplaires» envers les migrants et une politique équilibrée «entre humanité et fermeté», fondée sur le dialogue avec tous les acteurs.
Un des acteurs incontournables de la crise migratoire à Calais, c'est justement Londres, où le chef de l'État doit se rendre le 18 janvier pour un sommet bilatéral. La situation migratoire dans le Nord de la France ainsi qu'en Europe devrait être abordée lors des discussions entre Theresa May et Emmanuel Macron.
Si Emmanuel Macron a ménagé son partenaire britannique dans ses déclarations à Calais, il a néanmoins donné des pistes quant aux demandes françaises pour alléger la pression migratoire qui pèse sur la ville portuaire. Un fonctionnaire de l'Élysée cité par le Financial Times annonçait que le chef de l'État français voulait aborder le sujet lors du sommet bilatéral du 18 janvier 2018 afin «d'obtenir un certain nombre d'améliorations [aux accords du Touquet, ndlr] de la part du Royaume-Uni».
Le Président de la République a d'ailleurs développé son propos et a déclaré vouloir «évoquer avec Theresa May plusieurs des éléments que nous devons améliorer dans notre gestion commune». En prononçant cette phrase, Emmanuel Macron demande indirectement à Londres de participer de manière plus active à la résolution de la crise migratoire.
La question des mineurs non-accompagnés est parmi les problématiques les plus urgentes et le chef de l'État entend y associer Londres. Il estime en effet que c'est aux autorités britanniques qu'il revient de traiter la demande d'asile des mineurs isolés lorsque ceux-ci ont de la famille sur l'île et a appelé Theresa May à faire preuve de plus de flexibilité à l'heure d'accorder l'asile à ce type de profils.
Un second aspect que le Président de la République a dit vouloir aborder avec son homologue britannique est la coopération policière et les moyens octroyés aux services de police aux frontières. Le montant versé par Londres aux autorités françaises a plus que doublé entre 2015 et 2016 mais reste néanmoins largement inférieur au coût réel de la crise migratoire à Calais. Emmanuel Macron a par ailleurs défendu une «politique internationale de coopération et d'échange avec les États d'origine et de transit».
Le troisième point soulevé par le chef de l'État fait état de la nécessité de «débloquer des fonds pour développer les projets importants pour le développement de Calais». En disant cela, Emmanuel Macron a directement fait allusion aux sommes versées par le Royaume-Uni à la France pour assurer le contrôle des migrants sur le continent, avant la traversée de la Manche.
Pour Pierre Henry, directeur de France terre d'asile, tout est fait pour que le passage illégal vers le Royaume-Uni ne soit pas possible alors que le seul moyen de désengorger de manière durable Calais est que le Royaume-Uni accepte «de prendre un certain nombre de demandeurs d'asile qui relèvent de sa compétence» et d'«ouvrir des voies de migration légales», notamment pour les mineurs isolés en France.
L'homme n'est cependant guère optimiste quant à une telle éventualité car la France bénéficie économiquement de la crise migratoire à Calais. Il détaille en déclarant:
«Il y a une excellente balance de notre commerce extérieur [avec le Royaume-Uni, ndlr] qui est excédentaire depuis plus de 10 ans, à 13 milliards d'euros. Ce n'est pas si courant que cela. Dans la balance, on a décidé d'intégrer ces dépenses [liées à la crise migratoire à Calais]».