Onze vaccins infantiles ont été rendus obligatoires le 1er janvier 2018 par Agnès Buzyn, Ministre de la Santé. Une décision qui porte à controverse et suscitent de la méfiance auprès de nombre de Français? Alors complotisme ou réalité? Tous les vaccins, comme d'ailleurs tout médicament actif, peuvent présenter un risque. C'est sans nul doute la méthode du gouvernement qui est contestable. En décidant de rendre 11 vaccins obligatoires, sans faire preuve de pédagogie, il a probablement réactivé des peurs latentes. Si certaines peurs sur les vaccins peuvent se révéler imaginaires, le poids des grands laboratoires, leur capacité à faire pression sur les autorités, est lui bien réel.
Comment expliquer la réputation sulfureuse des vaccins en France? Claude Le Pen, professeur de sciences économiques à l'université Paris Dauphine et directeur du master "Économie et gestion de la santé" considère que « l'histoire du vaccin n'a jamais été une histoire tranquille, ça a toujours été quelque chose de relativement scandaleux. Pourquoi? Parce qu'on traite le mal par le mal, on traite médicalement des gens bien portants ».
Pour Franck Stora, médecin et ancien membre de la Haute Autorité de Santé, une telle méfiance peut s'expliquer car il est impossible de voire les bénéfices du vaccin: « rien ne permet de mesurer l'efficacité du vaccin, je me suis vacciné mais maintenant, est-ce que cela va marcher? Je n'en sais rien. Qu'est-ce qui me montrera que ça va marcher? Rien du tout. Je ne saurais que si le vaccin n'a pas marché et si je tombe malade ».
Et sur la méthode employée par le gouvernement pour imposer ces onze vaccins? Frédéric Bizard, économiste à Sciences Po, spécialisé sur les questions de protection sociale et de santé, reste sceptique: « je ne suis pas sûr que ça soit la meilleure façon de redonner confiance aux vaccins que de passer par la coercition de ce point de vue-là venant d'un État qui en France n'a pas une autorité très forte en matière de santé publique historiquement ». Il considère qu'il existe à ce sujet une « spécificité française » et que « les anti-vaccins sont dominants sur les réseaux sociaux et ont gagné pour le moment la bataille de l'opinion publique ».
Retrouvez l'intégralité de l'émission en vidéo sur notre chaîne YouTube Radio Sputnik