L'Italie, qui est secouée par des débats sur les violences sexuelles depuis que l'affaire Weinstein a éclaté, a aussi ses histoires locales de harcèlement sexuel, l'une d'elles portant sur la célèbre actrice Gina Lollobrigida qui a raconté deux évènements survenus pendant sa carrière. Donc, le mouvement de défense des hommes lancé par Catherine Deneuve a suscité une réaction controversée au sein de la société italienne qui tente de comprendre si c'est la femme qui séduit l'éventuel violeur ou si c'est l'homme qui interprète de manière incorrecte son comportement, surtout dans le domaine cinématographique.
Écrivaine et sociologue, elle se réjouit du grand nombre de femmes qui ont décidé de mettre fin au système sale d'échange de sexe contre des avantages professionnels et explique pourquoi les hommes doivent être également défendus.
«On ne peut pas qualifier cela de viol car les participants sont au courant des règles du jeu, même tacites. On ne peut pas considérer comme victime une personne qui prend part de son plein gré à cet échange, qui paye pour cela un certain coût et reçoit en contrepartie ce qu'elle a souhaité», insiste Mme Benedettelli.
Dans ce contexte, le scandale autour du producteur américain Harvey Weinstein — qui n'est pas considéré comme coupable tant que la justice ne rend pas sa décision, précise l'interlocutrice de Sputnik — est devenu une possibilité pour les femmes de prendre la parole et de soulager leur expérience douloureuse en la partageant.
Le problème c'est que parmi celles qui s'expriment il y a des vraies victimes de viol, qui ont porté plainte à la police, ainsi que celles qui ont participé de manière volontaire à un échange de service sexuel contre une contrepartie et l'ont regretté par la suite.
«Ces dernières ont provoqué le plus grand battage: si on les traite comme des victimes, elles ne sont donc pas responsables de leurs actions», souligne Mme Benedettelli.
Dans sa campagne de défense des hommes, lancée face à des mouvements comme #BalanceTonPorc, Catherine Deneuve appelle à ne pas qualifier la séduction de crime. Selon l'auteur du livre «50 nuances de la violence», séduire et être séduit, cela est inscrit dans la nature humaine, et tout de même la frontière délicate menant vers le viol doit être observée.
«Cette frontière est souvent franchie. Si elle est traversée par les hommes, c'est du viol, mais si c'est la femme qui la franchit?», s'interroge Mme Benedettelli. «L'absurdité de la situation est qu'aujourd'hui les femmes veulent du respect et en même temps être séductrices, ce qui serait normal si elles ne demandaient pas aux hommes de ne pas réagir à ces tentations, propositions sexuelles de la part des femmes.»
Et si ces propositions ne sont pas bien accueillies par les hommes? Cela arrive aussi, malgré les stéréotypes existants: «Dans ce cas, c'est aussi de la violence, et aussi grave que la violence contre une femme», conclut l'écrivaine.