Lors de sa présentation de ses «vœux à la presse» le 3 janvier, Emmanuel Macron s'est prononcé en faveur d'une loi contre les «fake news». Ce mot, que l'on peut traduire en français par «fausses nouvelles» a connu une célébrité incontestée dans le contexte de l'élection de Donald Trump aux États-Unis. La question des «délits de presse» est toutefois une question délicate, car l'équilibre doit être trouvé entre la protection de la liberté d'expression et la volonté légitime de sanctionner des délits et des abus.
Romain Mielcarek, journaliste spécialiste des relations internationales, qui anime le blog Guerres et influences, s'interroge ainsi sur la définition du terme de «fake news». Il estime qu'on ne connaît pas concrètement le contenu du futur texte législatif: «ce qu'ont dit pour l'instant les équipes de M. Macron, c'est comment on fait aujourd'hui pour imposer finalement nos lois, et notamment la loi de 1881 à des entreprises comme Facebook, Twitter, YouTube ou Google, qui sont des entreprises étrangères et qui ne répondent pas au droit français».
Le journaliste précise en outre que la loi s'appliquerait «en période bien spécifique, à savoir dans une période électorale, on imposerait un certain nombre de choses à ces plateformes-là. Au-delà de ça, on ne sait pas grand-chose, on ne sait pas notamment qui sera chargé des mesures à prendre… ».
Régis de Castelnau, avocat spécialiste de droit public et chroniqueur dans le magazine Causeur, s'insurge contre cet éventuel projet de loi et estime que son application ne pourrait être exécutée que par le pouvoir judiciaire: «qui peut contrôler et sanctionner les excès de cette liberté d'expression, ça ne peut être que le juge au travers d'un débat contradictoire avec le respect des formes. Moi, je ne veux pas que ce soit que M. Schrameck qui décide ou M. Jacques Toubon, le Défenseur des droits, qui décide ce que j'ai le droit de dire ou pas». L'avocat conteste ainsi cette volonté de contrôle resserrée du Net: «pourquoi ne pas faire confiance au débat contradictoire? ».
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