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Après des mois d’incertitude, l’Allemagne va bientôt avoir un nouveau gouvernement

Angela Merkel et le SPD enfin d’accord pour former un gouvernement! Pour analyser les raisons de cette crise politique et de cette instabilité allemande inattendue, Jacques Sapir a reçu Michel Drain, chercheur associé à l’IFRI, spécialiste de la géopolitique allemande et Georges Estievenart, ancien ambassadeur.
Sputnik

Depuis septembre dernier, la chancelière allemande tentait en vain de constituer une coalition avec les libéraux du FDP et les Verts. Elle s'est alors tournée vers le SPD, avec qui elle gouverne depuis 2013. Les difficultés que Madame Merkel a rencontrées pour former son gouvernement sont symptomatiques et de l'effritement de son image personnelle et de la paralysie croissante du système politique allemand.

Georges Estievenart, ancien ambassadeur, ancien haut fonctionnaire européen et chercheur associé à l'IPSE (Institut Prospective et Sécurité en Europe) relativise l'annonce de ce 12 janvier: «nous voilà repartis sur une trajectoire d'une grande coalition, mais elle est encore loin d'être constituée puisqu'on a déjà mis du côté du SPD un certain nombre de barrières et notamment le fait qu'il faudrait que cet accord soit entériné d'abord par un congrès exceptionnel spécial du SPD et puis ensuite même que le résultat final de la négociation […] soit soumis à l'ensemble des militants du SPD. Nous n'y sommes donc pas encore». Le diplomate remarque en outre que la chancelière est en net recul: «elle-même a vu sa majorité, son propre parti s'effriter au niveau national. Elle a perdu 4 points jusqu'à 5 points cette année par rapport à la législature précédente. Ce n'est donc pas une réussite».

Selon Michel Drain, chercheur associé à l'IFRI, spécialiste de la géopolitique allemande, plusieurs options de coalition s'offraient à Angela Merkel: «le gouvernement minoritaire, CDU-CSU, qui peut être pratiqué au niveau du Land, mais au niveau fédéral, c'est plus compliqué» ou encore «une coalition de coopération, c'est-à-dire un accord limité à certains points, le partenaire de coalition gardant une liberté de manœuvre». Après l'échec de la «coalition Jamaïque», il ne restait donc plus que la Grande coalition: «c'est donc un choix par défaut. La grande crainte du SPD, c'est de perdre encore plus de voix». Le chercheur de l'IFRI s'inquiète en outre de l'éventuelle exposition de l'AFD au Bundestag: «face au gouvernement de Grande coalition "noir-rouge", on aura l'AFD, ce qui donnera une tribune à l'extrême droite qui est assez préoccupante».

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