En Somalie, le gouvernement engagé dans une "guerre totale" contre les shebab

© AFP 2024 GUY PETERSONMogadiscio, Somalie
Mogadiscio, Somalie - Sputnik Afrique, 1920, 26.11.2022
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Face aux shebab* qui veulent instaurer la loi islamique, la Somalie mène une offensive depuis quelques mois. Outre une action militaire, le gouvernement applique également un levier économique, tentant de couper tous les financements alimentant le mouvement.
Le gouvernement somalien est engagé depuis trois mois dans une "guerre totale" contre les islamistes radicaux shebab*, avec une nouvelle stratégie qui, malgré de récents gains militaires, s'annonce longue et périlleuse.
Les shebab, groupe affilié à Al-Qaïda*, combattent depuis 2007 le gouvernement pour instaurer la loi islamique. Chassés des principales villes en 2011-2012, ils restent solidement implantés dans de vastes zones rurales.
Depuis juillet, deux clans des régions du Galmudug et d'Hirshabelle, dans le centre de la Somalie, ont engagé des combats pour se libérer de la pression des shebab* locaux.
Le gouvernement a décidé d'envoyer début septembre l'armée, dont les commandos "Danab" formés par l'armée américaine, épauler ces milices claniques baptisées "macawisley" - du nom du sarong traditionnel ("macawis") porté par certains de ces combattants civils.

"Le gouvernement veut saisir la dynamique actuelle et encourager ce type de soulèvements dans les zones sous contrôle shebab*", explique Omar Mahmood, chercheur à l'International Crisis Group.

Le nombre de soldats engagés dans cette offensive d'ampleur n'est pas connu. Pour les "macawisley", des sources locales évoquent 2.000 à 3.000 combattants. Les effectifs shebab* sont, eux, estimés entre 5.000 et 8.000 à travers le pays.
Avec l'appui de frappes aériennes américaines et un soutien logistique et d'artillerie de la force de l'Union africaine (Atmis), ces troupes ont repris le contrôle de la province de Hiran et de vastes zones du Moyen-Shabelle.

La stratégie de l'Etat

Mi-juillet, le nouveau président Hassan Cheikh Mohamoud avait détaillé une stratégie sur "trois fronts": militaire, idéologique et économique.
"Les politiques précédentes étaient militaristes: attaquer et détruire. Mais le problème des shebab* est plus que militaire", expliquait-il.
Sa première action a été la nomination au poste de ministre des Affaires religieuses de Muktar Robow, un des fondateurs du mouvement qu'il a quitté en 2017. Depuis, Robow et le gouvernement s'emploient à "reprendre le récit de l'islam aux shebab*", désignés par le terme "khawarij" ("renégats").
Pour tenter de "fermer les robinets" financiers du mouvement, le gouvernement a aussi annoncé que tout commerce payant les "taxes" réclamées par les shebab* verrait sa licence révoquée.
Son allié américain a annoncé offrir jusqu'à 10 millions de dollars pour toute information permettant "la perturbation des mécanismes financiers".
"Le gouvernement tente d'instaurer un climat de confiance dans la population pour qu'il se dresse contre le groupe. Il est encore difficile de mesurer les effets de ces déclarations", souligne Samira Gaid, de l'Institut Hiraal spécialisé dans les questions de sécurité.

Pour l'heure, ils reculent

Dans le centre du pays, les shebab* ont cédé du terrain. Mais ils ont généralement des stratégies de long terme, rappelle Omar Mahmood: "Même s'ils perdent à court terme, ils essaieront de trouver des moyens de saper les progrès du gouvernement pour pouvoir revenir".
Ils ont récemment réinvesti quelques localités délaissées par les troupes fédérales dans leur avancée.
Le groupe mène parallèlement une campagne d'attentats sanglants dans les villes.
Le 29 octobre, la Somalie a connu son attentat le plus meurtrier depuis 2017, avec 121 morts et 333 blessés dans un double attentat à la voiture piégée à Mogadiscio.
Si ces attaques sanglantes sont fréquentes à chaque changement d'administration, elles répondent aussi à une menace "existentielle" pour les shebab*, souligne Samira Gaid: "Ils réagissent fortement pour la repousser et dissuader d'autres clans de rejoindre la lutte".
*Organisation terroriste interdite en Russie
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