La Russie, épine dans le pied de la France en Afrique
© Photo Pixabay / RobinHartwellKenya
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La France ne comprend pas les changements d’humeur en Afrique et tente d’agir avec des "instruments politiques anachroniques" à la manière coloniale, alors que la Russie mène des négociations bilatérales honnêtes, estime un politologue commentant la remarque de Macron pour qui la Russie est "une des dernières puissances impériales coloniales".
La visite du Président français en Afrique a été marquée par des propos à l’encontre de la Russie qui révèlent son inquiétude concernant la présence russe sur le continent africain. Entre autres, il a lancé que la Russie est "une des dernières puissances impériales coloniales". Pour Vladimir Olentchenko, chercheur principal au Centre d'études européennes de l'Institut d'économie mondiale et de relations internationales, "presque toutes ses déclarations sont des clichés, elles n’ont pas été inventées hier par Macron ou par son entourage. Ce sont des clichés qui circulent depuis longtemps dans l'espace international occidental et ils sont occasionnellement pimentés".
"Je pense que nous pouvons considérer les remarques de Macron en Afrique comme faisant partie des décisions prises par le G7. C'est-à-dire que les représentants de ce groupe sont maintenant en Afrique et reproduisent l'image pseudo-négative, car elle est inventée et artificielle, de la Russie aux pays africains de toutes les manières possibles", ajoute-t-il au micro de Sputnik.
"L'incompétence française"
La position de la France ces dernières années s’est affaiblie en Afrique, estime le politologue, rappelant notamment l’échec de deux opérations militaires au Mali, d’où Emmanuel Macron a annoncé un retrait des troupes.
"Je dirais tout d'abord que c'est en grande partie l'incompétence française. Cela ne veut pas dire que quelqu'un les empêchait là-bas. Non, c'est juste qu'ils ont l'habitude d'agir à l'ancienne, c'est-à-dire de manière coloniale, uniquement par la force et en essayant d'exercer une pression. Aujourd'hui, les temps ont changé et, malheureusement, ni les Français, ni les Italiens, ni les Américains ne peuvent le comprendre et ils s'en tiennent toujours au principe de la force. Et désormais, de nombreux pays ont compris qu'ils étaient capables de résister à ce pouvoir, qu'ils étaient capables de changer avec d'autres pays", détaille Vladimir Olentchenko.
L’Afrique n’est qu’une "source de matières premières" pour certains pays
Selon le chercheur, pendant que la Russie mène des négociations bilatérales avec les pays africains et actualise ces relations, les autres pays, dont la France, considèrent encore souvent l’Afrique comme une source de matières premières, raison pour laquelle l’attitude à l’encontre de la France subit un déclin sur le continent africain.
"Les Français, bien sûr, voudraient sécuriser davantage les pays [africains], et ne pas y rencontrer la concurrence de la Russie. Et la Russie est populaire auprès de la population [africaine] pour la simple raison que nous négocions de manière égale, honnête et juste, ce que l'on ne peut pas dire des représentants des autres pays occidentaux", a ajouté l’interlocuteur de Sputnik.
La France applique en Afrique des "instruments politiques anachroniques"
En guise de conclusion, Vladimir Olentchenko a souligné que l’Afrique actuellement traverse une période de renforcement de sa propre autorité, de sa propre souveraineté et de sa propre importance. Pourtant, les Français avec leurs instruments politiques anachroniques, échouent dans la région, au sens large du terme.
Selon le chercheur, la France au lieu de comprendre les racines de ces problèmes "cherche des causes extérieures" et, en particulier, elle pense que les causes de son déclin en Afrique reposent sur le fait que la Russie la gênerait dans ses activités en Afrique.