Comment s’effectuera le retrait de la France et de ses alliés du Mali?
15:28 17.02.2022 (Mis à jour: 11:51 10.12.2024)
© AFP 2024 MICHELE CATTANIEntraînement de soldats des pays issus du G5-Sahel
© AFP 2024 MICHELE CATTANI
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Pointant de "multiples obstructions des autorités de transition maliennes", la France, de concert avec ses alliés, quitte le pays. Alors que le retrait des forces sera effectué "progressivement", une partie des soldats français resteront au Sahel, ils seront redéployés dans d’autres pays pour continuer la lutte antiterroriste, explique Paris.
Une décision qui était pressentie depuis plusieurs mois. La France ainsi que ses alliés européens et le Canada ont annoncé leur retrait officiel du Mali. En cause, l’aggravation des relations avec la junte au pouvoir, "dont [la France et ses partenaires] ne partage[nt] pas ni la stratégie ni les objectifs cachés". Les coups d’État en 2020 et fin 2021 jouent un rôle de facteur aggravant.
Présente militairement depuis 2013 dans ce pays en proie aux groupes djihadistes, comme beaucoup d’autres pays du Sahel, la France envisage toutefois de maintenir une partie de ses unités au sein de cette région même. En voici des détails.
Le retrait en quelques chiffres
Ce 17 février, durant la conférence de presse à l’Élysée tenue conjointement avec le président du Conseil européen Charles Michel et les Présidents sénégalais et ghanéen, Emmanuel Macron a précisé les délais du retrait des forces.
"Nous allons donc progressivement fermer, dans un exercice qui va prendre 4 à 6 mois, les bases qui sont présentes au Mali".
Le porte-parole de l’état-major français, le colonel Pascal Ianni, a précisé lors d’un point presse à Paris qu’actuellement 4.600 militaires français étaient déployés dans la bande du Sahel, dont 2.400 au Mali.
"À la fin [du retrait], nous serons sur un volume de 2.500 à 3.000 hommes", a-t-il indiqué.
Selon l’Élysée, quelque 25.000 hommes sont actuellement déployés au Sahel, dont environ 4.300 sont français. Le Mali accueille en outre 15.000 soldats de l’Onu au sein de la MINUSMA.
Fin de l’opération Barkhane?
Il ne s’agit donc pas de la fin de l’opération antidjihadiste Barkhane en tant que telle. À travers celle-ci, la France est engagée avec des partenaires régionaux comme le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad depuis le 1er août 2014. Elle continuera malgré ce retrait, mais prendra une autre forme.
"Des éléments européens seront repositionnés aux côtés des forces armées nigériennes dans la région frontalière du Mali. Le cœur de cette action ne sera plus au Mali, mais sera au Niger", a indiqué Emmanuel Macron.
Confirmant à son tour que "cette réarticulation" de l’opération prendrait "environ six mois", le colonel Ianni a assuré qu’ils iraient "continuer [leurs] actions contre les groupes armés terroristes".
"Pendant ce temps […] nous allons continuer d'assurer les missions de sécurisation de la MINUSMA" la mission de l'Onu au Mali, forte de plus de 13.000 Casques bleus", a-t-il expliqué.
Ainsi, suite à la transformation de l’opération Barkhane, la Task Force Takuba est censée devenir un des piliers de la lutte antidjihadiste que la France et ses partenaires européens continueront à mener au Sahel.
La présence de l’UE au Sahel après le retrait français
Suite à ce retrait décisif, l’Union européenne souhaite vérifier si les conditions et les garanties sont remplies pour maintenir ses missions de formation au Mali.
"J’ai envoyé une mission au Mali afin de vérifier avec les autorités maliennes sous quelles conditions et sous quelles garanties nous pourrions envisager la possibilité de garder ou de ne pas garder notre travail de mission de formation. La réponse viendra dans les prochains jours", a déclaré ce 17 février Josep Borrell.