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Poutine en Inde et contrats record: la relation indo-russe, une affaire qui roule
Poutine en Inde et contrats record: la relation indo-russe, une affaire qui roule
Sputnik Afrique
Dans un environnement régional de plus en plus volatil, Vladimir Poutine s’est rendu en Inde pour y signer de colossaux accords commerciaux. Il consolide ainsi... 07.12.2021, Sputnik Afrique
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Le chef de l’État russe ne s’est déplacé qu’à deux reprises en dehors de Russie depuis le début de la pandémie de Covid-19. La première était pour le sommet avec Joe Biden en juin, la seconde s’est déroulée le 6 décembre pour rencontrer Narendra Modi, son homologue indien.Une parcimonie dans ses déplacements à l’étranger qui illustre la "forte valeur symbolique" de cette visite en Inde, souligne au micro de Sputnik Jean-Luc Racine, directeur de recherche émérite au CNRS et chercheur senior à Asia Centre.La portée du déplacement est d’ailleurs loin d’être uniquement symbolique. Les deux pays ont ainsi signé 28 accords, dont un de coopération dans le domaine de la défense pour les dix prochaines années. Un record pour une visite de ce type entre les deux pays.Le plus important d’entre eux concerne la production en Inde de plus de 600.000 fusils d’assaut AK-203, pour une valeur de 677 millions de dollars. Le contrat d’exportation le plus important de l’histoire de Kalashnikov. New Delhi a également rappelé son attachement à la livraison de systèmes de défense antimissile S-400, malgré la menace américaine de sanctions en cas de mise en service de cette solution. Le contrat a été signé en 2018 et s’élève à cinq milliards de dollars."Partenariat stratégique et privilégié"La Russie est, depuis l’époque de l’URSS, le premier pourvoyeur d’armes de l’Inde. Au cours des années 2014-2018, Moscou a couvert 58% des achats d’armement de l’Inde, devançant ainsi Israël (15%) et les États-Unis (12%). Sa part du marché est néanmoins passée en dessous des 50% depuis. Sans doute l’une des raisons pour lesquelles Moscou a voulu marquer le coup en envoyant une importante délégation à New Delhi.Au-delà de la signature d’importants accords commerciaux, cette visite avait surtout pour but de renforcer le partenariat stratégique entre les deux pays. La méfiance risquait en effet de s’installer de part et d’autre, tant certains rapprochements pouvaient inquiéter Moscou et New Delhi:Ainsi, les relations entre les géants chinois et indiens se dégradent-elles depuis plusieurs années, jusqu’à une confrontation armée dans l’Himalaya en 2020 autour d’un différend territorial. Ainsi, New Delhi voit-il d’un œil inquiet le partenariat entre Moscou et Pékin. L’une des missions de Vladimir Poutine, selon le directeur de recherche émérite au CNRS, était donc de rassurer son homologue indien sur le fait que les relations sino-russes ne renforçaient pas le rival chinois dans sa confrontation avec l’Inde.Il note d’ailleurs que Moscou "s’était bien gardé de prendre parti, au moment de la confrontation" sino-indienne de 2020. De l’autre côté, la Russie se méfie du rapprochement de New Delhi avec Washington dans le cadre du quadrilatère Inde, Japon, Australie et États-Unis. Moscou et Pékin "considèrent que ce quad sur l’Indopacifique, c’est une façon de contrer les progressions chinoises", souligne le chercheur.Fragiles équilibres régionauxMalgré les différends qui les opposent, les trois pays échangent tout de même fréquemment, notamment dans le cadre du format RIC (Russie, Inde, Chine), l’organisation de coopération de Shanghai ou les Brics.La question de l’Indopacifique n’est toutefois pas la seule pomme de discorde régionale. Le chaos provoqué par le départ hâtif des troupes américaines d’Afghanistan au mois d’août a poussé Moscou à collaborer de manière plus étroite avec le Pakistan. Encore un pays avec lequel New Delhi est en conflit depuis plusieurs décennies. Les deux puissances nucléaires se déchirent sur la souveraineté du Cachemire.Ultime preuve de la délicatesse de la situation dans laquelle se trouve Moscou: New Delhi pourrait disposer ses systèmes S-400 dans le nord du pays, pour contrer les moyens stratégiques pakistanais et chinois. La Russie a pourtant toujours appelé au dialogue dans la région, seul moyen selon elle de résoudre les crises.Espace et nucléaire aussi de la partie"À mon sens, cette visite a pour but de veiller à ce que la relation bilatérale reste forte", affirme Jean-Luc Racine. C’est visiblement mission accomplie, au regard des enthousiastes déclarations indiennes qui l’ont suivie.Depuis le début de la seconde moitié du XXe siècle, les deux puissances entretiennent de profonds liens diplomatiques et commerciaux. Ceux-ci se sont poursuivis après la chute de l’URSS. Lors de sa première visite en Inde en 2000, le Président russe parlait déjà d’un "partenariat stratégique et privilégié".Au-delà des armes, les deux pays échangent dans le secteur de l’énergie. ONGC, la principale compagnie pétrolière indienne, a investi près de trois milliards de dollars dans les gisements de Sakhaline. De son côté, le russe Rosneft s’est impliqué en Inde.Les deux partenaires asiatiques collaborent également dans d’autres secteurs stratégiques, notamment l’espace: la Russie a collaboré à la préparation du premier vol habité indien. De la terre à l’espace, la relation indo-russe est pour le moment au beau fixe.
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Poutine en Inde et contrats record: la relation indo-russe, une affaire qui roule
14:56 07.12.2021 (Mis à jour: 18:05 10.01.2022) Dans un environnement régional de plus en plus volatil, Vladimir Poutine s’est rendu en Inde pour y signer de colossaux accords commerciaux. Il consolide ainsi le "partenariat privilégié" avec New Delhi, analyse le géopolitologue Jean-Luc Racine.
Le chef de l’État russe ne s’est déplacé qu’à deux reprises en dehors de Russie depuis le début de la pandémie de Covid-19. La première était pour le sommet avec Joe Biden en juin, la seconde s’est déroulée le 6 décembre pour rencontrer Narendra Modi, son homologue indien.
Une parcimonie dans ses déplacements à l’étranger qui illustre la "forte valeur symbolique" de cette visite en Inde, souligne au micro de Sputnik Jean-Luc Racine, directeur de recherche émérite au CNRS et chercheur senior à Asia Centre.
La portée du déplacement est d’ailleurs loin d’être uniquement symbolique. Les deux pays ont ainsi
signé 28 accords, dont un de coopération dans le domaine de la défense pour les dix prochaines années. Un record pour une visite de ce type entre les deux pays.
Le plus important d’entre eux concerne la production en Inde de plus de 600.000 fusils d’assaut AK-203, pour une valeur de 677 millions de dollars. Le contrat d’exportation le plus important de
l’histoire de Kalashnikov. New Delhi a également rappelé son attachement à la livraison de systèmes de défense antimissile S-400, malgré la menace américaine de sanctions en cas de mise en service de cette solution. Le contrat a été signé en 2018 et s’élève à cinq milliards de dollars.
"Partenariat stratégique et privilégié"
La Russie est, depuis l’époque de l’URSS, le premier pourvoyeur d’armes de l’Inde. Au cours des années 2014-2018, Moscou a couvert 58% des achats d’armement de l’Inde, devançant ainsi Israël (15%) et les États-Unis (12%). Sa part du marché est néanmoins passée en dessous des 50% depuis. Sans doute l’une des raisons pour lesquelles Moscou a voulu marquer le coup en envoyant une importante délégation à New Delhi.
Au-delà de la signature d’importants accords commerciaux, cette visite avait surtout pour but de renforcer le partenariat stratégique entre les deux pays. La méfiance risquait en effet de s’installer de part et d’autre, tant certains rapprochements pouvaient inquiéter Moscou et New Delhi:
"La question de la géopolitique régionale est très sensible. Elle se joue autour du concept de l’Indopacifique", analyse Jean-Luc Racine.
Ainsi, les relations entre les géants chinois et indiens se dégradent-elles depuis plusieurs années, jusqu’à une confrontation armée dans l’Himalaya en 2020 autour d’un différend territorial. Ainsi, New Delhi voit-il d’un œil inquiet le partenariat entre Moscou et Pékin. L’une des missions de Vladimir Poutine, selon le directeur de recherche émérite au CNRS, était donc de rassurer son homologue indien sur le fait que les relations sino-russes ne renforçaient pas le rival chinois dans sa confrontation avec l’Inde.
Car "pour New Delhi, l’activisme chinois dans son environnement géopolitique est une source de préoccupation."
Il note d’ailleurs que Moscou "s’était bien gardé de prendre parti, au moment de la confrontation" sino-indienne de 2020. De l’autre côté, la Russie se méfie du rapprochement de New Delhi avec Washington dans le cadre du quadrilatère Inde, Japon, Australie et États-Unis. Moscou et Pékin "considèrent que ce quad sur l’Indopacifique, c’est une façon de contrer les progressions chinoises", souligne le chercheur.
Fragiles équilibres régionaux
Malgré les différends qui les opposent, les trois pays échangent tout de même fréquemment, notamment dans le cadre du format RIC (Russie, Inde, Chine), l’organisation de coopération de Shanghai ou les Brics.
La question de l’Indopacifique n’est toutefois pas la seule pomme de discorde régionale. Le chaos provoqué par le départ hâtif des troupes américaines d’Afghanistan au mois d’août a poussé Moscou à collaborer de manière plus étroite avec le Pakistan. Encore un pays avec lequel New Delhi est en conflit depuis plusieurs décennies. Les deux puissances nucléaires se déchirent sur la souveraineté du Cachemire.
De fait, "vu l’état des relations indo-pakistanaises, l’Inde voit d’un mauvais œil le développement du partenariat russe avec le Pakistan", rappelle le chercheur senior à Asia Centre.
Ultime preuve de la délicatesse de la situation dans laquelle se trouve Moscou: New Delhi pourrait disposer ses systèmes S-400 dans le nord du pays, pour contrer les moyens stratégiques pakistanais et chinois. La Russie a pourtant toujours appelé au dialogue dans la région, seul moyen selon elle de résoudre les crises.
Espace et nucléaire aussi de la partie
"À mon sens, cette visite a pour but de veiller à ce que la relation bilatérale reste forte", affirme Jean-Luc Racine. C’est visiblement mission accomplie, au regard des enthousiastes déclarations indiennes qui l’ont suivie.
"L’Inde apprécie profondément le soutien ferme de la Russie à son égard. Nous espérons que notre coopération apportera la paix, la prospérité et la stabilité à l’ensemble de la région. Nous sommes heureux qu’un certain nombre d’accords, de contrats, de protocoles aient été signés concernant les armes légères et la coopération militaire."
Rajnath Singh
Ministre de la Défense indien
Depuis le début de la seconde moitié du XXe siècle, les deux puissances entretiennent de profonds liens diplomatiques et commerciaux. Ceux-ci se sont poursuivis après la chute de l’URSS. Lors de sa première visite en Inde en 2000, le Président russe parlait déjà d’un "partenariat stratégique et privilégié".
Au-delà des armes, les deux pays échangent dans le secteur de l’énergie. ONGC, la principale compagnie pétrolière indienne, a investi près de
trois milliards de dollars dans les gisements de Sakhaline. De son côté,
le russe Rosneft s’est impliqué en Inde.
"La Russie est pour le moment le seul pourvoyeur de centrales nucléaires de l’Inde. En effet, les négociations entamées avec la France et les États-Unis sur le nucléaire civil ne se sont toujours pas concrétisées", rappelle en outre le chercheur du CNRS.
Les deux partenaires asiatiques collaborent également dans d’autres secteurs stratégiques, notamment l’espace: la Russie a collaboré à la préparation du premier vol habité indien. De la terre à l’espace, la relation indo-russe est pour le moment au beau fixe.