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Les sondages qui se "trompent": la faute aux résultats ou à leur interprétation?
Les sondages qui se "trompent": la faute aux résultats ou à leur interprétation?
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De plus en plus cités et scrutés à l’approche de la présidentielle, les sondages ont pourtant historiquement brillé par leurs imprécisions, voire leurs ratés... 10.10.2021, Sputnik Afrique
2021-10-10T13:13+0200
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La problématique revient à chaque élection. Même après s’être trompés sur le dernier scrutin régional, les instituts de sondage continuent d’être abondamment sollicités, relayés et commentés dans les médias pour la présidentielle de 2022, dans tout juste six mois. Régulièrement, les résultats affichés s’avèrent pourtant bien éloignés de la réalité.En effet, à en croire les sondages, le Rassemblement national (RN) aurait dû s’emparer de plusieurs régions en juin. Alain Juppé devait être le grand gagnant des primaires de la droite et affronter Marine Le Pen au second tour en 2017. En 2002, Jean-Pierre Chevènement était pressenti pour être celui qui allait bousculer Jacques Chirac et Lionel Jospin dans la course à l’Élysée, tandis que Jean-Marie Le Pen ne dépassait jamais les 10%. Ce même M.Chirac était d’ailleurs très loin d’être favori en 1994, accédant néanmoins à la présidence l’année suivante.Ces baromètres continuent d’être commandés et publiés chaque semaine, et pas seulement par la presse. Comme le rappelle Capital, Nicolas Sarkozy y avait copieusement recours (264 entre 2007 et 2009) avant qu’une réglementation ne le coupe dans son élan. Emmanuel Macron y a consacré près d’un million d’euros dans les premiers mois de l’épidémie de Covid-19, et 1,4 million rien qu’en 2017.Mauvaise interprétation?À l’approche du scrutin présidentiel, plus ou moins influencé par ces sondages, des voix s’élèvent pour appeler à relativiser. L’ancienne PDG de l’Ifop Laurence Parisot estime que "l’emballement des commentateurs sur les sondages actuels est déraisonnable" et rappelle que leur interprétation "nécessite réflexion et culture politique".De plus, les résultats révèlent des "données à un instant T" et non pas d’une prédiction. "Attention, à six mois de la présidentielle, l'offre n'est pas encore stabilisée, notamment à droite, les électeurs sont encore peu intéressés, donc on mesure des choses fragiles", prévient auprès de l’AFP Anne Jadot, spécialiste des études électorales à l’université de Lorraine."Là où on pense que les sondages se trompent, c’est peut-être parce qu’on se sert trop des sondages pour écrire le scénario d’une campagne présidentielle", analysait cette semaine l’éditorialiste politique Laurent Neumann sur BFM TV. "Le sondage ne peut pas remplacer la démocratie", ajoutait-il.AbstentionnismeLes dernières élections régionales ont illustré le problème majeur auquel les instituts de sondage font face aujourd’hui: l’estimation de l’abstentionnisme. Aucune de ces sociétés n’avait prédit une abstention de 66,7% au premier tour, faussant en particulier les chiffres du RN dont l’électorat s’est moins déplacé que prévu. "Des électeurs potentiels du RN ont déclaré qu’ils allaient voter, mais ils n’y sont finalement pas allés", a expliqué le directeur général de l’Ifop Frédéric Dabi, cité par Le Figaro.Ainsi, la méthode utilisée notamment par l’Ifop et Ipsos depuis plusieurs années est de plus en plus critiquée. Elle l’a été particulièrement par Jean-Luc Mélenchon. Le 2 octobre sur France 2, il a rappelé que les sondages ne reflétaient que les opinions des personnes qui affirmaient être sûres d’aller voter, ce qui exclut selon lui les "milieux populaires" et "les plus jeunes".L’eurodéputé insoumis Manuel Bompard a alerté à plusieurs reprises sur ce sujet. Début octobre, il rappelait que le dernier sondage Ifop affichait un taux de participation à la présidentielle de seulement 55%, alors qu’il était de 78,69% en 2017. Cette méthode réduit considérablement l’échantillon des personnes interrogées et augmente donc les marges d’erreur.Prophétie autoréalisatriceToujours auprès de l’AFP, Anne Jadot a souligné de potentiels "effets pervers" de ce principe de précaution adopté par les sondeurs, dont les indications constituent un "filtre" pour certains électeurs qui s’intéressent habituellement peu à la politique. Elle suspecte ainsi que l’ascension fulgurante d’Éric Zemmour dans les sondages soit "un phénomène auto-alimenté par une bulle médiatique".Lundi 4 octobre, le maître de conférences de science politique Philippe Corcuff a partagé dans L’Obs une analyse similaire, évoquant le "danger d’une prophétie autoréalisatrice". "La vague actuelle de sondages favorables à Zemmour pourrait ainsi contribuer à crédibiliser une candidature au départ incertaine et même folklorisée".
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Les sondages qui se "trompent": la faute aux résultats ou à leur interprétation?
13:13 10.10.2021 (Mis à jour: 17:48 10.01.2022) De plus en plus cités et scrutés à l’approche de la présidentielle, les sondages ont pourtant historiquement brillé par leurs imprécisions, voire leurs ratés au fil des précédentes élections. De plus en plus de voix appellent à s’en méfier, ou du moins à les mettre en perspective.
La problématique revient à chaque élection. Même après s’être trompés sur le dernier scrutin régional, les instituts de sondage continuent d’être abondamment sollicités, relayés et commentés dans les médias pour la présidentielle de 2022, dans tout juste six mois. Régulièrement, les résultats affichés s’avèrent pourtant bien éloignés de la réalité.
En effet, à en croire les sondages, le Rassemblement national (RN) aurait dû s’emparer de plusieurs régions en juin. Alain Juppé devait être le grand gagnant des primaires de la droite et affronter Marine Le Pen au second tour en 2017. En 2002, Jean-Pierre Chevènement était pressenti pour être celui qui allait bousculer Jacques Chirac et Lionel Jospin dans la course à l’Élysée, tandis que Jean-Marie Le Pen ne dépassait jamais les 10%. Ce même M.Chirac était d’ailleurs très loin d’être favori en 1994, accédant néanmoins à la présidence l’année suivante.
Ces baromètres continuent d’être commandés et publiés chaque semaine, et pas seulement par la presse. Comme le rappelle Capital, Nicolas Sarkozy y avait copieusement recours (264 entre 2007 et 2009) avant qu’une réglementation ne le coupe dans son élan. Emmanuel Macron y a consacré près d’un million d’euros dans les premiers mois de l’épidémie de Covid-19, et 1,4 million rien qu’en 2017.
À l’approche du scrutin présidentiel, plus ou moins
influencé par ces sondages, des voix s’élèvent pour appeler à relativiser. L’ancienne PDG de l’Ifop Laurence Parisot estime que "l’emballement des commentateurs sur les sondages actuels est déraisonnable" et rappelle que leur interprétation "nécessite réflexion et culture politique".
De plus, les résultats révèlent des "données à un instant T" et non pas d’une prédiction. "Attention, à six mois de la présidentielle, l'offre n'est pas encore stabilisée, notamment à droite, les électeurs sont encore peu intéressés, donc on mesure des choses fragiles", prévient auprès de l’AFP Anne Jadot, spécialiste des études électorales à l’université de Lorraine.
"Là où on pense que les sondages se trompent, c’est peut-être parce qu’on se sert trop des sondages pour écrire le scénario d’une campagne présidentielle", analysait cette semaine l’éditorialiste politique Laurent Neumann sur BFM TV. "Le sondage ne peut pas remplacer la démocratie", ajoutait-il.
Les dernières élections régionales ont illustré le problème majeur auquel les instituts de sondage font face aujourd’hui: l’estimation de l’abstentionnisme. Aucune de ces sociétés n’avait prédit une abstention de 66,7% au premier tour, faussant en particulier les chiffres du RN dont l’électorat s’est moins déplacé que prévu. "Des électeurs potentiels du RN ont déclaré qu’ils allaient voter, mais ils n’y sont finalement pas allés", a expliqué le directeur général de l’Ifop Frédéric Dabi, cité par Le Figaro.
Ainsi, la méthode utilisée notamment par l’Ifop et Ipsos depuis plusieurs années est de plus en plus critiquée. Elle l’a été particulièrement par Jean-Luc Mélenchon. Le 2 octobre
sur France 2, il a rappelé que les sondages ne reflétaient que les opinions des personnes qui affirmaient être sûres d’aller voter, ce qui exclut selon lui les "milieux populaires" et "les plus jeunes".
L’eurodéputé insoumis Manuel Bompard a alerté à plusieurs reprises sur ce sujet. Début octobre, il rappelait que le dernier sondage Ifop affichait un taux de participation à la présidentielle de seulement 55%, alors qu’il était de 78,69% en 2017. Cette méthode réduit considérablement l’échantillon des personnes interrogées et augmente donc les marges d’erreur.
Prophétie autoréalisatrice
Toujours auprès de l’AFP, Anne Jadot a souligné de potentiels "effets pervers" de ce principe de précaution adopté par les sondeurs, dont les indications constituent un "filtre" pour certains électeurs qui s’intéressent habituellement peu à la politique. Elle suspecte ainsi que l’ascension fulgurante d’Éric
Zemmour dans les sondages soit "un phénomène auto-alimenté par une bulle médiatique".
Lundi 4 octobre, le maître de conférences de science politique Philippe Corcuff a partagé dans L’Obs une analyse similaire, évoquant le "danger d’une prophétie autoréalisatrice". "La vague actuelle de sondages favorables à Zemmour pourrait ainsi contribuer à crédibiliser une candidature au départ incertaine et même folklorisée".