Présidentielle 2022: à droite, qui pourra faire exploser le match Macron-Le Pen?
16:56 02.09.2021 (Mis à jour: 16:10 19.11.2021)
© AFP 2024 SEBASTIEN SALOM-GOMISUn homme devant le logo les républicains (LR)
© AFP 2024 SEBASTIEN SALOM-GOMIS
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Alors que les favoris pour l’élection présidentielle sont déjà déclarés ou sur le point de le faire, Les Républicains sont loin d’être en ordre de marche. Malgré les divisions et l’incertitude qui plane autour du mode de désignation du candidat, la droite conserverait toutes ses chances en 2022, selon le politologue Christophe Boutin.
«Il y a encore un espace à droite. La question est: cet espace sera-t-il occupé par un candidat LR ou par quelqu’un d’autre?», lance le politologue Christophe Boutin au micro de Sputnik.
À un peu moins de huit mois du premier tour de l’élection présidentielle, la question n’est toujours pas tranchée. Si l’on en croit les récents sondages, deux favoris se dégagent (légèrement) de la mêlée à l’heure actuelle: Xavier Bertrand et Valérie Pécresse.
Une enquête de Harris Interactive pour le magazine Challenges crédite les deux transfuges de LR de respectivement 16% et 14% des intentions de vote. Des scores insuffisants pour espérer atteindre le second tour puisque Emmanuel Macron (24%) et Marine Le Pen (23%) continuent de faire la course en tête. Pour Christophe Boutin cependant, les dés sont encore loin d’être jetés:
«L’électorat LR, souvent assez âgé, reste fidèle: cela s’est vu aux municipales et aux régionales de manière très claire. Cet électorat, qui craint par-dessus tout les changements, attend toujours son leader LR», analyse l’auteur du «Dictionnaire des populismes» (Éd. du Cerf).
Un «leader» dont l’identité peine à se dessiner.
Une primaire encore incertaine
Xavier Bertrand, réélu confortablement président de la région Hauts-de-France en juin dernier, est persuadé de pouvoir plier le match à la faveur de sondages opportuns et refuse par conséquent de se soumettre à une éventuelle primaire. Le moyen de départager des candidats LR doit de fait être décidé le 25 septembre prochain, à l’occasion du congrès de rentrée du parti. Pour donner du grain à moudre aux adhérents, la direction de la rue de Vaugirard a lancé le 30 août dernier une grande enquête afin d’évaluer l’image des candidats proclamés auprès des militants. Les résultats de ce sondage mené par l’IFOP sur 15.000 personnes sont attendus le 20 septembre.
À l’heure actuelle, cinq prétendants se sont déclarés pour participer à une primaire de la droite et du centre: Valérie Pécresse, Éric Ciotti, Michel Barnier, le médecin Philippe Juvin et l’entrepreneur Denis Payre. Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau ont quant à eux renoncé à se porter candidats.
«Personne ne peut se considérer comme le successeur du général de Gaulle»
Du côté des caciques du parti, l’organisation d’une primaire semble en tout cas inéluctable. Dans les colonnes du Figaro le 31 août dernier, le président du Sénat Gérard Larcher expliquait ainsi qu’il n’envisageait pas «d’autre procédure possible ni d’autre solution [...] pour départager les candidatures». Selon L’Opinion, seul Christian Jacob est rétif à l’exercice d’une primaire. Échaudé par la primaire de 2016, le président des Républicains a confié au maire d’Antibes Jean Leonetti le soin de déterminer un système de départage en vue de la présidentielle. Pour Christophe Boutin, l’exercice, «qui n’a jamais été un franc succès par le passé» selon lui, s’annonce périlleux.
«On est à sept mois de l’élection, il faut réussir à forger une image claire d’un programme dans l’esprit des Français. C’est presque un petit peu tard pour organiser une primaire à mon sens.»
Un temps pressenti pour concourir sur la ligne de départ d’une éventuelle primaire de la droite et du centre, le président de la région Normandie Hervé Morin s’est finalement rangé derrière la candidature de Valérie Pécresse. Dans un entretien donné au Point ce 2 septembre, le président des Centristes soutient le principe d’une primaire, inévitable selon lui car «aujourd’hui personne ne peut se considérer comme le successeur du général de Gaulle». S’il reconnaît qu’aucun candidat naturel ne se dégage actuellement, Christophe Boutin estime toutefois que «la primaire ne permet pas de dégager des candidats charismatiques, comme on l’a vu par le passé».
Zemmour en dynamiteur de la droite?
Un certain candidat de moins en moins putatif et dont le patronyme commence par la lettre Z pourrait néanmoins venir jouer les trouble-fête du côté de la droite. Dans une tribune parue le 27 août dernier dans Le Point, une centaine de «sympathisants de droite se revendiquant de la Génération Z» estiment avoir trouvé le «candidat naturel de la droite» en la personne d’Éric Zemmour et appellent les «élus, adhérents, sympathisants» LR à «se ranger derrière la candidature» du polémiste. Une fausse bonne idée, si l’on en croit Christophe Boutin:
«Éric Zemmour a une légitimité très personnelle qui lui permet de dépasser les anciens clivages. Il n’aurait absolument aucun intérêt à apparaître comme un produit LR. Il a vocation au contraire à rassembler au-delà afin d’attirer les déçus de LR et du RN», argue le professeur de droit public à l’université de Caen-Normandie.
De fait, l’hypothèse d’une participation d’Éric Zemmour à une éventuelle primaire de la droite et du centre organisée par Les Républicains a d’ores et déjà été exclue par Gérard Larcher. «Pour moi, c’est non. Nous ne partageons pas les mêmes valeurs», a ainsi affirmé le président de la Chambre haute au micro de France Inter.
Si le futur ex-chroniqueur du Figaro plafonne actuellement autour de 7% dans les sondages, Christophe Boutin n’exclut pas un scénario complètement fou dans les mois qui viennent. «Éric Zemmour me semble être à même de faire revenir aux urnes des électeurs qui se sont réfugiés dans l’abstention et qui ne font plus confiance aux différents partis. Qu’ils le veuillent ou non, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et tous les autres font partie de “l’ancien monde”. Or, il y a toujours cette volonté sous-jacente de dégagisme et de lassitude des électeurs par rapport aux politiques en place», glisse le politologue.