«Comme dans du beurre»: une Française raconte l’entrée des talibans dans Kaboul
07:00 16.08.2021 (Mis à jour: 10:25 16.08.2021)
© AP Photo / Allauddin KhanDes talibans en Afghanistan
© AP Photo / Allauddin Khan
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Une ressortissante française a relaté à BFM TV le climat qui règne dans Kaboul, alors que les talibans* envahissaient peu à peu les rues et que le gouvernement s’était résigné à la défaite.
Alors que les pays occidentaux s’affairent pour exfiltrer leurs derniers ressortissants et diplomates, une Française a décrit à BFM TV l’ambiance qui régnait dans la capitale afghane.
Victoria Fontan, vice-présidente de l'université américaine d'Afghanistan, reproche au gouvernement de ne pas vouloir livrer bataille pour la ville. Elle a affirmé que des talibans* armés arpentaient déjà les rues, notamment dans l’arrondissement n°6.
«Le gouvernement a donné Kaboul aux talibans*. Les talibans* sont dans Kaboul. Ils sont rentrés comme dans du beurre», a ainsi expliqué Victoria Fontan à BFM TV le 15 août.
Après avoir ordonné à leurs forces d’attendre aux portes de la ville, les talibans* les ont en effet autorisés à pénétrer dans certaines zones ce 15 août, a déclaré sur Twitter Zabiullah Mujahid, un porte-parole de l'Émirat islamique d’Afghanistan.
Retranchée à 20 minutes de l’aéroport, Victoria Fontan a précisé encore que le gouvernement avait bloqué les principaux axes de communication, rendant la tâche difficile aux étrangers souhaitant quitter le pays.
«Le gouvernement bloque tous les axes, la population est vraiment prise en tenaille. C’est un peu le sauve-qui-peut. Il y a des coups de feu ici et là. C’est la panique à bord pour ceux qui cherchent à rejoindre l’aéroport», a déclaré l’universitaire à la chaîne d’information.
La ressortissante française a ajouté qu’une partie de la ville semblait déjà résignée à l’arrivée des talibans*, alors que l’autre tentait par tous les moyens de fuir.
Un paradoxe mis en lumière par certaines vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux. Le reporter du Washington Post Ezzatullah Mehrdad a noté ainsi que les marchands à la criée continuaient de vendre leurs fruits dans les rues, malgré l’avancée des talibans*.
The Taliban begins its rule in Kabul, Afghanistan. And the fruit seller didn’t stop selling—as you can hear in the background. pic.twitter.com/0kqCrYOgnh
— Ezzatullah Mehrdad (@EzzatMehrdad) August 15, 2021
Alors que du côté de l’aéroport, l’ambiance semblait nettement plus tendue.
Afghanistan : Vidéo de l'aéroport Hamid Karzai de Kaboul où des passagers évacuent à bord d'un Boeing C-17 Globemaster et qui précède immédiatement la vidéo publiée précédemment.https://t.co/qZpdbp9tkA pic.twitter.com/W2RWwe7T02
— Rebecca Rambar (@RebeccaRambar) August 15, 2021
Dernières évacuations
Le ministre de l'Intérieur par intérim, Abdul Sattar Mirzakwal, a annoncé qu'un «transfert pacifique du pouvoir vers un gouvernement de transition» allait avoir lieu. Il pourrait advenir dans les prochains jours, a déclaré à la BBC Suhail Shaheen, un porte-parole des talibans* basé au Qatar.
Pendant ce temps, les dernières évacuations se poursuivent pour les ressortissants étrangers. Les personnels de l’ambassade américaine ont notamment été exfiltrés vers l’aéroport en hélicoptère. Des images qui rappellent les souvenirs de la chute de Saïgon en 1975, comme n’ont pas manqué de le faire remarquer certains observateurs.
David Martinon, l’ambassadeur de France en Afghanistan, a également été exfiltré de l’ancienne «zone verte», quartier ultra-sécurisé où étaient situés de nombreux sièges de compagnies internationales et ambassades. Le diplomate a publié une vidéo de son transfert sur les réseaux sociaux.
Leaving the former Green Zone @Kabul pic.twitter.com/GAL3Fu2osF
— David Martinon (@david_martinon) August 15, 2021
Paris a finalement décidé de relocaliser son ambassade dans l’aéroport de la ville. Berlin a choisi de fermer la sienne. L’ambassade russe n’a pas été évacuée.
Le Président afghan Ashraf Ghani a quitté le pays ce 15 août, selon l'ancien vice-Président afghan Abdullah Abdullah. Sur Facebook, le chef d’État démissionnaire a annoncé être parti pour éviter «un bain de sang».
*Organisation terroriste interdite en Russie