Quelque 114.000 personnes se sont rassemblées le 17 juillet pour défiler un peu partout en France, notamment à Paris, en protestant contre les mesures gouvernementales prises dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, notamment contre le pass sanitaire. Les restaurateurs étaient «de la partie» puisqu’ils devront, à partir du mois d'août, vérifier si leurs clients détiennent un certificat de vaccination ou un test négatif.
«Je refuse de virer mes salariés avec moi depuis 20 ans au prétexte qu’ils ne seraient pas vaccinés au 30 août. Je refuse d’être policier, je suis bistrotier», a écrit dans ce contexte sur sa page Facebook Jean-Jacques Samoy, patron du Café du coin d’en bas de la rue du bout de la ville d’en face du port, dit La Java, à Saint-Malo.
Il s’est dit «scandalisé» par l’annonce concernant l’obligation d’avoir un pass sanitaire pour aller au café ou au restaurant.
«Les gens ont encore le droit d’avoir le choix! Nous avons l’impression d’être des enfants que l’on punit en nous retirant nos loisirs», a-t-il par ailleurs déclaré à Ouest-France.
Il a précisé qu’il n’était pas agent de police et n’était par conséquent «pas assermenté pour demander» les papiers des clients.
«Préparez ma chambre»
Depuis cette prise publique de position, Jean-Jacques Samoy a été applaudi par certains, mais a également reçu entre «300 et 400 menaces de mort», précise Le Figaro. Nullement découragé, le patron du café dit en assumer les conséquences.
En effet, tenant à rester ferme quant à sa décision, il raconte dans son post avoir mis de côté 45.000 euros, soit le montant de l’amende qu'il encoure. Qui plus est, il se rend compte qu’il «risque un an de prison».
«Un an de tôle en cas de résistance à l’obligation pour les exploitants de cafés, restaurants et hôtels, d’exiger de leurs clients la présentation de leur passeport sanitaire! Préparez ma chambre!!!»
Jean-Jacques Samoy précise qu’il est loin d’être anti-vaccin.
«Personnellement, je suis vacciné, c’est mon choix. Je ne l’impose ni ne fait la morale à quiconque!», explique-t-il.
«On n’est pas là pour faire les gendarmes»
Denis Arnaud, serveur au Tout va bien, à Dieppe, rejoint son avis.
«On n’est pas là pour faire les gendarmes, je pense que ça va être sportif!», lance-t-il à France 3.
Jean-Philippe Trieu, propriétaire de deux établissements à Paris et en proche banlieue, estime auprès de L’Obs que ces mesures sont du «bidon» et que les restaurateurs ne vont pas se transformer en «policiers».
«Ingérable dans les bars»
D’autres restaurateurs font preuve de plus de souplesse. Philippe Coudy, président de l'Union des Métiers et des industries de l’hôtellerie de Seine-Maritime (UMIH76), dit comprendre cette décision qui, selon lui, est la seule valable pour endiguer l’épidémie. Dans le même temps, il réalise que les bars et restaurants, déjà fortement touchés par plusieurs mois de fermeture, vont voir leur chiffre d’affaires se réduire de nouveau.
«À partir du 1er aout, on est sûr d’avoir une baisse de fréquentation car on ne pourra pas accéder à la demande des personnes non vaccinées. Par exemple, elles n’auront pas anticipé un test PCR pour accéder à un repas de dernière minute», explique-t-il à France 3.
Un restaurateur de Rouen comprend lui aussi la décision mais estime qu’il sera difficile de la mettre en œuvre.
«On n’a pas les moyens d’avoir une personne supplémentaire pour vérifier si les clients ont le pass sanitaire», indique-t-il.
Alexandre Duca, gérant du Grand Bar Pierre à Marseille, explique à L’Obs qu’il est prêt à mettre en place ces contrôles, mais veut qu’on lui dise «comment faire» car c’est «une contrainte supplémentaire» pour l’établissement.
En outre, Dominique Druaux, responsable du Café de Paris à Dieppe, estime auprès de France 3 que les vérifications des pass seront plus faciles à réaliser dans les restaurants, mais que le contrôle sera «ingérable dans les bars».