Le nombre de cas quotidiens de Covid-19 repart à la hausse depuis fin juin et, avec lui, celui des hospitalisations en réanimation, même si la campagne de vaccination semble battre son plein.
«Il faut être vigilant parce qu'on est sur une progression exponentielle», a déclaré à France info l’épidémiologiste Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille.
Selon lui, «les chiffres doublent», ce qui se ressentira prochainement sur les hospitalisations et les réanimations, le délai dans ce domaine étant «de l'ordre de deux à trois semaines».
«On est à 10.000 cas de contamination, et on va sans doute passer à 20.000 cas dans une dizaine de jours», a-t-il prévenu.
Philippe Amouyel a rappelé que les cas de contamination touchaient particulièrement les plus jeunes qui n’ont été autorisés à se faire vacciner qu'à partir du 15 juin.
Il a exhorté à prendre des mesures de précaution, notamment en remettant le masque en extérieur, «mais surtout en intérieur dans les zones où le risque est fort, là où il y a des fortes concentrations de population».
Deux doses pour le Delta
Les virologues et épidémiologistes sont d’ailleurs quasi unanimes à prôner une vaccination rapide.
Le 26 juin déjà, Philippe Amouyel avait appelé les Français, cette fois sur Europe 1, à se faire vacciner avec les deux doses afin de freiner la progression du variant Delta. Car ce dernier, plus contagieux, ne peut être combattu qu’en étant complètement vacciné, avait-il affirmé.
L’épidémiologiste et directeur de l'Institut de santé globale à Genève, Antoine Flahault, avait exprimé le 22 juin à RTL son inquiétude face à un taux assez élevé de personnes non vaccinées chez les plus de 75 ans. En effet, il estime nécessaire «que toute la population se vaccine».
Pour l'épidémiologiste Dominique Costagliola, directrice de recherche à l'Inserm, qui a accordé une interview à BFM TV le 12 juillet, «on va s'en sortir, si on arrive à vacciner plus de 90% de la population».
Le 17 juillet, la virologue Mylène Ogliastro et le vaccinologue Daniel Floret avaient affirmé sur France Inter que la protection de la société passait par la vaccination. L’absence de celle-ci représente non seulement un risque individuel, mais également un risque collectif, car «continuer de laisser circuler le virus et donc continuer de le diversifier» signifie augmenter le danger de nouveaux variants qui pourraient être capables «de résister davantage aux vaccins ou de contourner le système immunitaire».
Plus de la moitié des Français vaccinés
Selon un communiqué publié ce 17 juillet par le ministère de la Santé et des solidarités, depuis le début de la campagne de vaccination, 37.414.557 personnes ont reçu au moins une injection (soit 55,5% de la population totale) et 30.191.338 personnes ont désormais un schéma vaccinal complet (soit 44,8% de la population totale).
Le ministère rappelle dans ce contexte que la vaccination des mineurs nécessite l’autorisation des deux parents et précise que seul le vaccin à ARN messager Pfizer/BioNTech dispose d’une autorisation de mise sur le marché pour les 12 ans et plus.
Une nouvelle vague?
Ces mêmes chiffres avaient été d’ailleurs cités par Olivier Véran qui a évoqué le risque d’une quatrième vague épidémique, surtout au vu de la propagation du Delta.
«Avec la tendance épidémique de ce variant Delta, qui est beaucoup plus contagieux que le Covid-19 auquel nous avions affaire l'été dernier, les 3.000 cas pourraient devenir 6.000 cas dans une semaine, 12.000 cas dans quinze jours, et monter au-dessus de 20.000 cas, voire plus, début août si nous n'agissons pas.»
Le ministre de la Santé avait qualifié le Delta d’«ennemi nouveau», car sa contagiosité est bien plus importante que les souches précédemment observées.