Lundi 12 juillet, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, a annoncé, à la sortie d’une réunion avec ses homologues de l’UE, l’application de sanctions européennes avant la fin du mois à l’encontre de certains responsables politiques libanais, sans donner plus de précisions.
Mais pour le moment, comme l’analyse Karim el-Mufti, professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, l’attentisme politique reste de mise au Liban. Une passivité qui conduit la situation déjà catastrophique à se dégrader toujours plus. En effet, la population libanaise, dont 55% vit sous le seuil de pauvreté, vient à manquer de produits les plus essentiels (nourriture, médicaments, essence…), et les drames se multiplient. Ce samedi 10 juillet, un bébé de 10 mois serait mort dans un hôpital au sud de la capitale, «faute de soins et de médicaments», selon sa famille.
Alors, la solution sera-t-elle de mettre le Liban sous tutelle?
À la suite d’une enquête de terrain, une mission parlementaire sur la politique de la France au Moyen-Orient a publié un rapport ce 6 juillet, prônant l’instauration d’une task force internationale dans la capitale libanaise afin de mettre en place les réformes nécessaires. Une telle équipe internationale devrait permettre de diminuer la corruption, notamment sur les aides humanitaires, et aura la charge d’organiser et de conduire les trois prochaines échéances électorales en 2022.
Selon Karim el-Mufti, chercheur en science politique, cette proposition d’une task force est une pression supplémentaire exercée sur les responsables politiques du Liban et sa mise en place pourrait bien éviter le chaos. Cette nouvelle idée rejoint la résurgence du Conseil de tutelle de l’Onu, dormant depuis 1994, que notre interlocuteur avait envisagée dès le lendemain de l’explosion d’une partie du port de Beyrouth le 4 août dernier. Un organe qui était chargé d’administrer les territoires placés sous la tutelle des Nations unies.
Plus d’informations dans ce nouvel entretien de Lignes Rouges avec Karim el-Mufti.