Quatre citoyens russes d’un groupe de 10 touristes, qui ont été d’abord interpellés le 15 juin dernier à Faya-Largeau, la plus grande ville du nord de la République du Tchad, pour ensuite être déplacés à N’Djaména, restent toujours bloqués dans la capitale à l’hôtel de luxe La Résidence.
Contacté par Sputnik, Alexeï Kamerzanov, chef de l’expédition, voyageur et blogueur russe connu, a expliqué pourquoi l’étape tchadienne du trajet à travers des pays africains se prolongeait tellement.
Arrêtés par erreur
Suite à l’intervention officielle de l’ambassade de Russie au Tchad et ayant passé une semaine en «détention» hôtelière, les voyageurs ont été informés par les diplomates russes que les autorités tchadiennes avaient avoué une arrestation par erreur.
En l’absence de contact direct avec des institutions publiques du Tchad, toute la communication s’effectuant par voie diplomatique, la version officielle tchadienne passée aux touristes russes explique leur interpellation par des raisons de sécurité, ou plutôt d’insécurité du trajet dans le nord du pays. Des motifs pour le moins contradictoires, selon le chef de l’expédition, car l’itinéraire avait été préalablement concerté avec les administrations concernées, et la saisie des papiers d’identité et du matériel est restée imprécise.
Toutes les affaires rendues… sauf trois voitures
Alexeï Kamerzanov a informé Sputnik que les documents et des affaires personnelles avaient été rendus aux 10 membres de l’expédition le 25 juin, après quoi six personnes, à savoir cinq Russes et une citoyenne lituanienne, ont pu partir du Tchad.
Les touristes ont récupéré tout sauf trois voitures, qui avaient été laissées par les autorités tchadiennes à Faya-Largeau, l’endroit d’arrestation du groupe, précise à Sputnik M.Kamerzanov.
Il s’agit, selon le chef de l’expédition, de trois Toyota Hilux, qui peuvent coûter au moins 40.000 euros.
Situation «bizarre» de «profonde incertitude»
Satisfaits complètement des conditions de leur hébergement dont les frais sont payés par les autorités tchadiennes, ces quatre voyageurs se sentent quand même mal à l’aise à cause d’une situation «bizarre» et de «profondes incertitudes».
«Le moment le plus bizarre est que nous sommes logés et nourris dans cet hôtel, tout est parfait […]. Nous savons que l’État [tchadien, ndlr] paye cher pour cela. Chaque jour, les fonds versés augmentent. Nous les [les autorités, ndlr] supplions de nous laisser partir le plus tôt possible, de résoudre le problème [avec les voitures, ndlr], mais la question ne se règle pas», s’étonne Alexeï Kamerzanov au micro de Sputnik.
Après un séjour presque mensuel dans la capitale du Tchad, les citoyens russes, qui confient avoir déjà fêté deux anniversaires dans ce pays africain, ont l’impression de se retrouver en suspens.
«Cela traîne très longtemps. Pour être franc, on devient fou de cette profonde incertitude. Nous voudrions simplement récupérer nos voitures et regagner la Russie. Nous avons largement dépassé tous les délais de notre séjour [au Tchad, ndlr] que nous avions prévu initialement», fait savoir M.Kamerzanov.
Causes de la situation
Les voyageurs russes ne sont d’ailleurs pas disposés à croire que les autorités tchadiennes ont des raisons quelconques de les retenir dans le pays.
«Nous supposons qu’il s’agit d’un problème à caractère bureaucratique. Plusieurs services ont été impliqués dans cette histoire: les militaires, la police, etc. Il nous semble que c’est matière à coordination, d’interaction entre différentes administrations: ils n’arrivent pas simplement à décider, à se mettre d’accord, d’où provient cette situation bizarre. C’est notre vision des choses», explique notre interlocuteur.
Une fois leurs trois voitures récupérées, les quatre Russes comptent les garer à N’Djaména dans un «endroit sécurisé», par exemple, dans l’enceinte de la mission diplomatique russe, pour pouvoir retourner au Tchad en octobre prochain et continuer leur expédition appelée «Notre monde».
Pour l’instant, les voyageurs russes attendent.
«Nous ne pouvons pas laisser comme ça nos voitures et partir», selon Alexeï Kamerzanov.