Le respect mutuel et le pragmatisme doivent devenir le pivot des relations entre la République tchèque et la Russie, a affirmé le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jakub Kulhanek.
«Impossible d'imaginer de ne pas avoir de relations avec la Russie. Elles doivent se baser sur le respect mutuel et être, dans la mesure du possible, pragmatiques. La décision sur l’axe que doit emprunter le développement de ces relations devrait être prise, à mon avis, par le prochain gouvernement» formé à l'issue des législatives des 8 et 9 octobre derniers, a-t-il déclaré aux journalistes.
À l'heure actuelle, des débats administratifs et techniques battent leur plein entre les deux pays à la suite d’une réduction drastique du personnel de l'ambassade russe à Prague et de l'ambassade tchèque à Moscou, ainsi que de certaines autres institutions.
Toujours d’après Jakub Kulhanek, plusieurs partenaires étrangers ont proposé à la Tchéquie leur aide dans le fonctionnement de l'ambassade de la République à Moscou.
«Pour le moment, nous avons décidé de ne pas avoir recours à ces propositions», a-t-il noté.
Sur entente entre les deux pays, les effectifs des représentations diplomatiques a été ramené, au 1er juin, à la parité avec sept diplomates, 25 membres du personnel administratif et technique et 19 employés recrutés sur place.
Liste des «pays inamicaux»
Toujours selon le ministre, l'une des conditions préalables à un dialogue politique sérieux entre son pays et la Russie devrait être l'exclusion de la Tchéquie de la liste des «pays inamicaux» dressée par Moscou à la mi-mai.
La République tchèque avait déjà demandé fin mai de la rayer de cette liste, arguant d’une mesure contraire à la convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Moscou a rejeté la requête, rappelant «l’expulsion de diplomates par Prague survenue à cause de son incapacité sur plusieurs années à enquêter sur ses propres incidents», expulsion qui, elle, est contraire à la convention de Vienne.
Le gouvernement russe avait précédemment approuvé la liste des «pays inamicaux» qui ne compte que la République tchèque et les États-Unis. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait déclaré dans une interview à Sputnik que Moscou n'inscrirait pas les pays à tort et à travers sur cette liste et qu’une décision appropriée serait précédée d'une profonde analyse. Il a ajouté que la liste pourrait être révisée en fonction du développement des relations avec chaque pays concret.
Les explosions à Vrbetice
À la mi-avril, Prague a accusé les services secrets russes d'être impliqués dans les explosions d'entrepôts militaires à Vrbetice et a expulsé du pays 18 employés de l'ambassade russe. En réaction, Moscou a déclaré personae non gratae 20 employés de la mission diplomatique tchèque, soulignant que ces accusations étaient absurdes, dénuées de fondement et tirées par les cheveux. Le Kremlin a constaté qu’elles n’étaient étayées d’aucune preuve et qu’elles avaient porté un énorme préjudice aux relations bilatérales, ajoutant que ces accusations faisaient partie d'une vaste campagne lancée par l'Occident contre Moscou.
Entretemps, le Président Milos Zeman avait déclaré à la mi-avril que l'enquête étudiait deux hypothèses – celle d’un maniement non professionnel du contenu des entrepôts par le personnel et celle de l'organisation d'explosions par des services secrets étrangers, tandis que la ministre de la Justice, Marie Benesova, en avait évoqué une possible troisième. Le vice-Premier ministre, Jan Hamacek, avait pour sa part affirmé le 2 mai qu’il n’en existait qu’une seule, celle de l’implication d’«agents des services secrets russes».