Cette algarade a débuté avec une interpellation du garde des Sceaux reprochant à son collègue de l'Intérieur d'avoir «félicité» Xavier Bertrand pour son score au premier tour, et d'être coupable de «trahison». «C'est pas possible!», s'est insurgé M.Dupond-Moretti, selon une source proche du gouvernement interrogée par l'AFP.
Le ministre de la Justice était candidat aux régionales sur la liste LREM menée dans le Hauts-de-France par Laurent Pietraszewski, également membre du gouvernement. Cette liste a été éliminée dès le premier tour et a appelé à voter pour M.Bertrand au second tour.
«Je voterai sans état d'âme pour Xavier Bertrand», a lui-même tweeté mardi M.Dupond-Moretti.
Le ministre de l'Intérieur, qui est un ami de Xavier Bertrand, revendique cette proximité. «J'appelle sans difficulté à voter pour lui. C'est un ami», a-t-il dit mardi sur France Inter. «Vous connaissez mon estime pour Xavier Bertrand, il a été récompensé pour son bilan».
M.Darmanin, candidat aux départementales du Nord, s'était en outre félicité de son score dans son canton, «six fois mieux que la liste Pietraszewski».
Piqué au vif, Gérald Darmanin a répliqué à Éric Dupond-Moretti, selon la même source: «commence par gagner une élection!»
Une autre source proche du gouvernement a assuré à l'AFP que l'incartade n'était pas née du message de félicitations adressé à Xavier Bertrand mais du fait que Gérald Darmanin ait «taclé ses collègues».
«Personne ne te demande de renier tes amis, mais pour autant t'es pas obligé d'écraser tes collègues», a lancé le garde des Sceaux au ministre de l'Intérieur, lui reprochant des propos «dégueulasses» pour les colistiers de M.Pietraszewski et un manque de «loyauté», selon cette source.
Une autre source proche de l'exécutif a qualifié auprès de l'AFP l'échange entre les deux hommes d'«assez violent», précisant qu'il s'était déroulé «juste avant» le Conseil.
Elle a fait valoir également que M.Darmanin était «intenable» car il fait des «off [déclarations non publiques à la presse, ndlr] dans tous les sens pour dézinguer ses camarades».