«J'ai vu la pression d'un vestiaire»: des sportifs français évoquent la difficulté de révéler leur homosexualité

© Photo Pixabay / Scott WebbSport
Sport - Sputnik Afrique, 1920, 20.06.2021
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Dans le documentaire «Faut qu’on parle», six sportifs français ont évoqué leurs craintes de dévoiler leur homosexualité. Les réalisateurs confient à Franceinfo vouloir «faire sauter les tabous» dans ce milieu.

Six sportifs français de haut niveau, parmi lesquels des médaillés olympiques et des champions du monde, ont fait leur coming out dans le documentaire «Faut qu’on parle» diffusé samedi 19 juin sur Canal+. Un fait rare dans le monde du sport, où l’homosexualité reste un sujet tabou. Les deux metteurs en scène, Arnaud Bonnin et Lyès Houhou, ont réussi à les convaincre que «le message est tellement fort que le risque en vaut la peine».

«On leur a dit que leur parole était très importante pour faire sauter les tabous. Des jeunes arrêtent le sport parce qu’ils sont homosexuels, certains sont isolés parfois jusqu’au suicide», dénoncent-ils au micro de Franceinfo.

C’est ce que confirme Kevin Aymoz, patineur grenoblois et quadruple champion de France: «je sais que je fais quelque chose de bien en essayant de libérer la parole, peu importe les critiques». L’escrimeuse Astrid Guyart affirme elle aussi le faire «pour d'autres athlètes qui pourraient se poser des questions».

Homophobie

Cette dernière a elle-même constaté les «blagues homophobes» ou «l’homophobie ordinaire» exprimées dans son milieu, lesquelles l’ont poussée à ne pas s’exprimer plus tôt.

«J'ai vu la pression d'un vestiaire, avec des gens se questionner sur leur sexualité», ajoute-t-elle.

Également présente dans le documentaire, la basketteuse et championne de France (avec Basket Landes) Céline Dumerc, qui se souvient que ses coéquipières «avaient peur de prendre la douche» avec nous et une autre joueuse lesbienne. «Ça m'a choquée. Je ne scanne pas toutes les filles. Je suis dans un vestiaire, j'ai juste envie de gagner un match», affirme-t-elle.

Parole libérée?

Le nageur Jérémy Stravius, champion du monde du 100 mètres dos, affirme se sentir «plus épanoui» depuis cette révélation ayant reçu le soutien de l’équipe de France.

«Ça m'a fait beaucoup de bien que ce soit eux qui viennent vers moi et m'en parlent», témoigne-t-il.

Le rugbyman Jérémy Clamy-Edroux avoue de son côté s’être mis «des barrières pour que rien ne soit mal interprété». Il prévoit «des critiques et des moqueries», mais estime que le monde du rugby n’est pas homophobe. Par ailleurs, en mai dernier, la Fédération française de rugby a autorisé les transgenres à participer aux compétitions officielles à partir de la saison prochaine.

Dans le football

Il ajoute cependant que le monde du football a encore du chemin à ce niveau: «J'espère que les footballeurs vont se réveiller […] et que d'autres personnes vont avoir le courage de ce que je viens de faire». Comme le souligne l’AFP, les coming outs dans le football masculin sont extrêmement rares, avec un seul cas en France, l’ancien joueur de Lyon et Strasbourg Olivier Rouyer.

Dans son livre publié cette année, l’ancien capitaine de l’équipe nationale allemande, Philippe Lahm, conseille d’ailleurs aux joueurs homosexuels de «garder le secret» tant qu’ils sont encore professionnels. Mardi 15 juin, lors de la rencontre Hongrie-Portugal de l’Euro 2020, des supporters hongrois ont déployé une banderole anti-LGBT dans le stade à Budapest, en référence à une loi «anti promotion de l’homosexualité et du changement de sexe» adoptée dans le pays.

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