Sur fond de campagne pour les régionales, la tension ne cesse de monter depuis quelques semaines entre le RN et LREM. Les deux partis se rendent coup pour coup, avec en ligne de mire 2022.
Après une sortie du porte-parole du Rassemblement national accusant Emmanuel Macron de ne pas croire en la France, c’est au tour de Bruno Le Maire de critiquer l’envergure du RN.
Le ministre de l’Économie a en effet estimé sur Europe 1 que ce parti n’était qu’une «petite chose». Il a estimé contre-productive la stratégie de diabolisation du RN, déclarant que celui-ci ne faisait que capitaliser sur les échecs des responsables au pouvoir.
«On rend service au RN en le diabolisant. Le RN, ça n’est pas grand-chose. Ça n’est pas un grand parti, ça n’est pas de grandes personnalités, ça n’est pas un grand projet pour le pays. [...] Il gonfle à mesure des échecs que nous avons pu enregistrer depuis 20 ou 30 ans», a ainsi affirmé Bruno Le Maire à la radio privée.
Le ministre a par ailleurs accusé le RN d’être le parti «du rétrécissement et de la capitulation».
Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir Marine Le Pen, interrogée un peu plus tard au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. Celle-ci a critiqué «le mépris total» du ministre, lui donnant rendez-vous au soir du deuxième tour des régionales, pour le décompte des voix de LREM.
«Peut-être considère-t-il aussi que les Français sont de petites gens? Nous sommes un grand mouvement populaire, contrairement aux assertions du ministre de l'Économie […] Nous verrons les résultats de LREM à l'issue du premier tour des élections régionales», l’a ainsi défié la chef de file du RN.
💬 Bruno Le Maire estime que le @RNational_off est "une petite chose que nous devons combattre avec beaucoup de fermeté".
— Le Grand Jury (@LeGrandJury) June 6, 2021
🗣️@MLP_officiel lui répond : "Il devrait faire attention car nous verrons les résultats au premier tour des élections régionales" 👇 pic.twitter.com/6LwzPGxH2w
Un récent sondage OpinionWay donnait 13% d’intentions de vote aux listes LREM sur l’ensemble du territoire, pour le premier tour des prochaines régionales. Loin derrière le RN (26%) et LR (27%).
Faire monter le RN?
Le ministre de l’Économie a également répondu à ceux qui accusent la majorité de vouloir sciemment faire monter le RN, en vue des présidentielles. Mi-mai, le patron des Républicains Christian Jacob avait notamment accusé Jean Castex d’être «le meilleur carburant du RN», dénonçant les «petites combines» du Premier ministre et les «manœuvres menées depuis l'Élysée», dans un entretien au Parisien.
Des critiques balayées par Bruno Le Maire, lequel a assuré que la majorité ne faisait preuve «d'aucune ambiguïté dans le refus catégorique» du RN. Le ministre a ajouté qu’Emmanuel Macron avait «mis un coup d’arrêt à la progression de Marine Le Pen» depuis son irruption sur la scène politique.
Le Président actuel n’est pas le premier à faire l’objet de ce genre de critiques. Dans les années 1980, François Mitterrand avait également été accusé de favoriser la montée du FN pour mieux affaiblir la droite traditionnelle.