Suite aux plus de 100.000 messages haineux reçus par l’adolescente Mila après la publication de vidéos polémiques et critiques sur l’islam en 2020, 13 personnes sont jugées ce 3 juin à Paris pour menaces de mort.
L’avocat de l’adolescente dénonce auprès de Franceinfo une situation inédite autour du «lynchage numérique» dont est victime la jeune fille. Me Richard Malka cite quelques messages et évoque des photomontages avec la tête de Mila à la place de celle de Samuel Paty:
«La Mila elle continuera jusqu’à que quelqu’un la trouve et la crève, et c’est tout ce qu’elle mérite", "tu mérites de te faire égorger sale grosse pute, "que quelqu’un lui broie le crâne par pitié", "dis-moi où tu habites, je vais te faire une Samuel Paty"».
Ces insultes et menaces n’ont cependant pas été proférées par «des délinquants ni des fanatiques», les individus ayant un casier judiciaire vierge, poursuit l’avocat.
Victime de cyberharcèlement, Mila a été contrainte de s’isoler. Après avoir quitté son lycée et déménagé, elle garde secrète sa nouvelle adresse. En outre, elle vit sous protection policière.
«C’est la première fois dans l’histoire de ce pays qu’une jeune femme de cet âge-là fait l’objet d’une protection policière 24 heures sur 24», précise-t-il.
L’avocat rappelle que le droit au blasphème est légal en France et que les menaces de mort virtuelles peuvent entraîner des poursuites judiciaires.
Engagés contre ces 13 individus, notamment 10 hommes et trois femmes, âgés de 18 à 30 ans, le procès est loin d’être légitime, selon l’avocat de l’un des prévenus.
«Juste un gamin banal»
Cité par l’AFP, Gérard Chemla pointe une approche sélective appliquée dans le cadre de cette affaire: «Sur plusieurs milliers de tweets, on a identifié quelques-uns [des auteurs] et ce sont ceux-là qui sont poursuivis».
Défendant son client, il le décrit sur BFM TV comme «un gamin banal qui a adressé un tweet vulgaire, mais pas menaçant».
Les peines encourues pour cyberharcèlement diffèrent en fonction de l’âge de l’auteur et de la victime. Les auteurs majeurs risquent deux ans de prison et 30.000 euros d’amende. Si la victime a moins de 15 ans, la peine peut aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement et l’amende peut s’élever à 45.000 euros.
Situation à l’échelle nationale
En un an, les cas de cyberharcèlement ont connu une explosion de 26% par rapport à septembre 2019, indique un sondage OpinionWay pour l'Association e-Enfance et le Lab Heyme. Un adolescent sur 10 a déclaré avoir déjà été victime de violences en ligne. Parmi les raisons principalement évoquées par les victimes: le physique, la jalousie, l’envie ou la vengeance.
En 2019, plus de 40% des internautes adultes de moins de 50 ans avaient déjà subi des attaques répétées sur les réseaux sociaux, dont 22% des 18 à 24 ans, indique le site Statista.