Que s'est-il passé?
Un avion de Ryanair, compagnie aérienne dont le siège est en Irlande, a effectué ce 23 mai un atterrissage d’urgence à Minsk lors d’un vol reliant Athènes à Vilnius. L’atterrissage a eu lieu suite à une «alerte à la bombe», ensuite reconnue fausse. L’opposant biélorusse Roman Protassevitch comptait parmi les passagers et a été interpellé à l’aéroport de la capitale de son pays.
Selon le ministère biélorusse de la Défense, après avoir reçu des informations concernant la présence d'un avion avec un engin explosif à bord dans l'espace aérien du pays, un MiG-29 a été dépêché afin d’escorter l’appareil transportant plus de 120 passagers jusqu’à l'aéroport de Minsk.
Selon les données du service Flightradar, après cette escale d’urgence à Minsk, l’avion a redécollé pour atterrir plus tard dans la journée dans la capitale lituanienne.
La commission biélorusse d'enquête a d’ailleurs annoncé l’ouverture d’une procédure pénale concernant une fausse alerte à la bombe à bord de l’aéronef en question.
Pourquoi Minsk?
Le chef d'équipe de l'aéroport de Minsk a d’ailleurs expliqué à la chaîne de télévision biélorusse ONT pourquoi, après une alerte à la bombe, l'avion avait atterri dans la capitale biélorusse.
«Selon les règles internationales, Minsk s'est avéré être l'aéroport le plus proche, et selon ces règles internationales, le commandant a pris la décision d'atterrir chez nous. Autrement dit, cela a été la décision du commandant de bord», a-t-il fait savoir.
Qui est l'opposant arrêté?
Roman Protassevitch, 26 ans, est l'ex-rédacteur en chef de la chaîne Telegram d’opposition Nexta -considérée comme extrémiste en Biélorussie- et rédacteur en chef d’une autre sur la même plateforme, également désignée comme extrémiste par son pays. Les deux ont notamment fait parler d’elles lors des manifestations en Biélorussie qui ont eu lieu après l’élection présidentielle en août 2020, largement remportée, selon les chiffres officiels, par le Président actuel, Alexandre Loukachenko. Un résultat contesté par l’opposition.
Le jeune homme a été arrêté ce dimanche à l'aéroport de Minsk, lorsque les passagers du vol Athènes-Vilnius ont fait l’objet d’un contrôle de papiers d’identité. Le militant figure sur la liste des «personnes impliquées dans le terrorisme» établie par les autorités biélorusses. Qui plus est, une procédure pénale a été ouverte contre lui en vertu de plusieurs articles, dont «organisation de troubles de masse». Aujourd’hui, il risque 15 ans de prison.
L’UE et l’Otan préoccupés
Suite à l’évènement, de nombreuses personnalités politiques européennes, dont des françaises, ont réagi. Selon Jean-Yves Le Drian, une réponse «ferme et unie» des Européens au détournement de l’avion est «indispensable».
Le détournement par les autorités biélorusses d’un vol de @Ryanair est inacceptable. Une réponse ferme et unie des Européens est indispensable. Tous les passagers de ce vol, dont les opposants biélorusses éventuels, doivent être autorisés sans délai à quitter la #Biélorussie.
— Jean-Yves Le Drian (@JY_LeDrian) May 23, 2021
L’ambassadeur biélorusse en France a d’ailleurs été convoqué.
Faisant part de sa préoccupation quant à la situation sur Twitter, le président du Conseil européen, Charles Michel, demande une investigation des faits par l’Organisation de l'aviation civile internationale. Selon l’attaché de presse du fonctionnaire européen, la question de l'atterrissage forcé de Ryanair sera inscrite à l'ordre du jour du sommet européen qui s’ouvrira lundi 24 mai.
Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, lui aussi exige «une enquête internationale» concernant l’incident, qu’il qualifie de «grave et dangereux».