À l’heure actuelle, il n’y a toujours aucune preuve des propos racistes tenus par les policiers lors de l’interpellation musclée de Michel Zecler, les caméras de surveillance qui filmait la scène ne restituant pas le son. Cependant, des journalistes de France 2 affirment avoir consulté certains messages privés de l’un des policiers qui, selon eux, révèlent une «vision stéréotypée».
Dans l’émission «Envoyé spécial» diffusée ce jeudi 22 avril, ils montrent notamment une photo du policier américain Derek Chauvin, un genou appuyé sur le cou de George Floyd, accompagnée de la phrase «Quand tu dégonfles ton matelas en fin de soirée». Découvert par des enquêteurs, ce montage daté du mois de mai a été publié dans un groupe de discussion privé par le policier qui est entré le premier dans le sas du studio.
⚡🇫🇷INFO - Dans le smartphone d'un des policiers ayant tabassé le producteur de musique Michel #Zecler en novembre dernier à Paris, les enquêteurs ont découvert ce photomontage sur le meurtre de George #Floyd révèle Envoyé Spécial ds son numéro de ce soir. https://t.co/Tqakecuf2R pic.twitter.com/SodTUHdF8k
— Brèves de presse (@Brevesdepresse) April 22, 2021
Dans un autre message envoyé à une proche, le même policier lance: «Je suis dégoûté que tous ces bâtards soient acceptés en France et que l'on [fasse] rien». Dans cet échange, son interlocutrice dénonce le racisme auquel l’intéressé répond: «Ben c'est pas du racisme mais tous les bâtards qui foutent la merde ce sont tous les mêmes».
Équipés d’une caméra cachée, les journalistes ont pu questionner le policier sur ces messages. L’homme a essayé d’expliquer son attitude:
«Alors oui dans la police nos idées changent, parce qu'on est amené à contrôler toujours le même type de personnes, à interpeller surtout toujours le même type de population […] et je dirais qu’on a eu une idéologie un peu différente. On est beaucoup confrontés à des gens – c’est un peu méchant de dire ça – de toutes origines, mais ce n'est pas pour autant qu’on sombre dans le racisme».
Quant aux blagues sur George Floyd, «à connotation raciste» et «de mauvais goût» selon les journalistes, le policier estime qu’il n’y a «rien de raciste là-dedans», mais juste de «l’humour noir».
Le policier se défend
Alors que le producteur affirme que les policiers l’ont traité de «sale nègre», l’agent assure que c’est «le comportement suspect» de Michel Zecler et non sa couleur de peau qui les a incités à l’interpeller. «Il fuyait le véhicule de police quand il nous a vus», insiste le policier qui ajoute que c’était la nuit et que lui et ses collègues ne pouvaient discerner sa couleur de peau.
Yoann Maras, secrétaire régional du syndicat Alliance à Paris, a quant à lui indiqué à la chaîne que ces trois collègues n'ont jamais eu «de souci d'ordre déontologique, avec des propos déplacés, des propos racistes».
Producteur passé à tabac
Le producteur de musique Michel Zecler a été roué de coups par trois policiers dans l’entrée de son studio du XVIIe arrondissement de Paris samedi 21 novembre.
Suite à son interpellation, il a d’abord été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet de Paris pour «violences sur personne dépositaire de l'autorité publique» et «rébellion».
Mais le parquet a finalement classé cette enquête et ouvert une nouvelle procédure confiée à l’IGPN pour «violences par personnes dépositaires de l'autorité publique» et «faux en écriture publique».
D’abord écroués, deux policiers ont été remis ensuite en liberté, mais placés sous contrôle judiciaire avec une interdiction d'entrer en relation avec la victime et les autres mis en examen, de détenir une arme et d'exercer la profession de fonctionnaires de police.