Décidément, Beyrouth ne sait plus où donner de la tête. Après l’initiative française, les déplacements à Moscou, la tournée des ambassadeurs américains, français, saoudiens, les regards des Libanais se tournent maintenant vers les pays du Golfe. En visite à Doha, le Premier ministre sortant Hassan Diab a appelé le Qatar à l’aide. Une visite loin d’être anodine, le petit émirat pouvant faire office de médiateur entre l’axe iranien et l’axe saoudien.
#Liban : Diab entame ses entretiens avec les responsables au #Qatar https://t.co/opB4m6MRFk
— L'Orient-Le Jour (@LOrientLeJour) April 19, 2021
En définitive, face à l’effondrement politique et économique du pays, les dirigeants libanais cherchent le soutien de l’étranger. Au cours de son déplacement, Hassan Diab a même martelé que le Liban était «sur le point de s’effondrer». De ce fait, lors d’un entretien avec les médias locaux, il a déclaré «nous toquons à la porte du Qatar tout comme nous toquerons à celle de nos frères arabes, et nous attendrons qu’on nous ouvre la porte, comme le Qatar l’a fait.» «Le Qatar nous a confirmé qu’il continuait de soutenir le Liban, son peuple, sa sécurité et sa stabilité», a-t-il ajouté. Mais ces belles paroles seront-elles suivies d’actes? Francois Bacha, fondateur du site d’information Libanews et analyste politique libanais, en doute très fortement.
«Officiellement, le manque de solidarité arabe est expliqué par le poids du Hezbollah dans les instances politiques du Liban. Mais officieusement, c’est autre chose, s’il y avait des opportunités réelles au Liban, ils investiraient», explique-t-il au micro de Sputnik.
Les pays du Golfe reprochent en effet au Liban de s’aligner sur les directives iraniennes. Compte tenu de l’influence grandissante du Hezbollah dans le pays, Riyad et Abou Dhabi craignent de voir le pays du Cèdre devenir un satellite de Téhéran. Depuis 2016, le parti chiite est considéré comme une organisation terroriste par le gouvernement saoudien. Par conséquent, l’Arabie saoudite et ses partenaires sunnites ont pris plusieurs mesures restrictives et coercitives à l’égard de Beyrouth.
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«Pourquoi investiraient-ils dans un pays tenu par une mafia?», assène le fondateur du site d’information Libanews.
Pourtant, auparavant, les Saoudiens étaient friands des montagnes libanaises pour passer l’été. Or, depuis 2012, les autorités saoudiennes ont interdit à leurs citoyens de se rendre au Liban. Et malgré la levée de cette proscription en 2019, les touristes saoudiens se font toujours rares.
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Les ressortissants libanais dans le Golfe pâtissent aussi de cette situation. Appréciés pour leur compétence dans le domaine de l’ingénierie, des assurances et de la finance, ils sont aujourd’hui mis en concurrence avec les Occidentaux et ont perdu leur monopole dans ces domaines. Le chef de la diplomatie émirati avait déclaré en décembre 2020: «nous constatons en réalité une détérioration des relations arabes du Liban, notamment avec les pays du Golfe, durant les dix dernières années. Le Liban paie en partie le prix de cela en ce moment.»
«Le Golfe –à part le Qatar– obéissait aux directives saoudiennes. Aussi, les pays du Golfe possèdent d’importantes communautés chiites, à Bahreïn notamment, ou dans les zones pétrolières en l’Arabie saoudite. Il y a la crainte des pouvoirs locaux que le Hezbollah et l’Iran influencent ces communautés», estime François Bacha.
«Pour le moment, rien ne peut être fait sur le plan financier ou économique. Toute aide internationale est bloquée et tributaire des négociations avec le FMI. Aucun pays au monde ne pourra aider le Liban tant que les négociations avec le FMI sont bloquées», conclut-il.