Le jour même des annonces de nouvelles sanctions américaines contre Moscou, Joe Biden a tenu un discours portant sur le souhait des États-Unis d’avoir des relations «stables et prévisibles» avec la Russie.
Le Président américain a déclaré avoir adopté une nouvelle série de restrictions financières suite à la présumée ingérence russe dans la présidentielle 2020 et sur «des actions nuisibles spécifiques» commises par la Russie à l’encontre des intérêts américains.
«J'ai été clair avec le Président Poutine sur le fait que nous aurions pu aller plus loin, mais j'ai choisi de ne pas le faire, j'ai choisi d’agir de manière proportionnelle», a-t-il déclaré.
Les États-Unis ont annoncé le 15 avril des sanctions contre six entreprises technologiques russes «qui soutiennent le programme cybernétique des services de renseignement». Au total, 32 personnes morales et physiques accusées d'avoir tenté «d'influencer l'élection présidentielle de 2020 aux États-Unis» sont visées.
Washington a également annoncé la prochaine expulsion de 10 diplomates russes, sans toutefois présenter de preuves de cette «ingérence». Qualifiées d’«infondées», les accusions ont été rejetées par Moscou, qui a promis une riposte.
Biden a par ailleurs ajouté que «les États-Unis ne cherchaient pas à lancer un cycle d'escalade et de conflit avec la Russie». «Nous voulons des relations stables et prévisibles».
La responsabilité des deux pays
Au sujet des perspectives de développement des relations russo-américaines, le Président américain a évoqué une responsabilité conjointe concernant la stabilité mondiale:
«Nous représentons deux grandes puissances qui portent une grande responsabilité au sujet de la stabilité globale. Le Président Poutine et moi, nous avons une responsabilité importante sur la gestion de cette question. Je prends cette responsabilité très au sérieux, et je suis sûr qu’il [Vladimir Poutine] fait de même».
Joe Biden a qualifié les Russes et les Américains de «peuples fiers et patriotiques» qui sont intéressés par «un avenir pacifique et sécurisé».
Selon lui, Washington et Moscou peuvent travailler sur de nombreux problèmes mondiaux dont le contrôle des armements et la sécurité. À titre d’exemple, il a cité la prolongation de cinq ans du traité New Start, signée le 3 février.
«Nous avons convenu de répondre aux défis critiques globaux qui exigent que les États-Unis et la Russie travaillent ensemble. Il s’agit notamment de maîtriser le danger nucléaire qui émane de l’Iran et de la Corée du Nord, de mettre fin à la pandémie et de faire face à la menace existentielle du changement climatique.
Afin d’améliorer les relations entre les deux pays, le Président américain a jugé important de communiquer avec son homologue en personne. Il a déclaré avoir proposé à M.Poutine de tenir un sommet en Europe cet été pour discuter d’un large éventail de questions:
«Nos équipes sont en train de discuter de cette possibilité. J’espère que ce sommet aboutira à ce que les États-Unis et la Russie démarrent leur dialogue sur la stabilité stratégique».
Question ukrainienne
En revenant sur la situation dans l’est de l’Ukraine, Joe Biden a appelé la Russie à la désescalade, au lendemain de l’annulation du passage de deux destroyers américains dans les eaux de la mer Noire. Ils avaient été initialement mobilisés par le Pentagone pour «réaffirmer son soutien à l’Ukraine».
«C’est le temps d’une désescalade. Le chemin consiste en un dialogue réfléchi et un processus diplomatique. Les États-Unis sont prêts à progresser vers ceci de manière constructive», a-t-il affirmé.
Auparavant, Washington et Kiev avaient accusé Moscou de renforcer sa présence militaire à sa frontière avec l’Ukraine alors que la situation dans le Donbass s’aggrave depuis le 26 mars. Des accusations rejetées par la partie russe pour qui le déplacement de ses troupes se fait sur son territoire national.
Cette démarche vise à assurer la sécurité des frontières suite à «une activité accrue des forces armées des pays de l'Otan, d'autres organisations, de pays», a expliqué le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov.