École musulmane, mosquée: bras de fer entre le gouvernement et l’association Millî Görüs

© AFP 2024 Fred Tanneau islam
islam   - Sputnik Afrique, 1920, 13.04.2021
S'abonner
Alors que la polémique perdure autour de l’organisation turque Milli Görüs, qui envisage de construire la plus grande mosquée de France à Strasbourg et une école musulmane à Albertville, en Savoie, le gouvernement a déposé deux amendements au Sénat dont le dernier vise à contrer les ingérences étrangères via l’ouverture d'écoles hors contrat.

Le gouvernement a soumis lundi 12 avril un amendement à la loi «séparatisme» visant à lutter contre les ingérences étrangères par l'intermédiaire de l'ouverture d'écoles hors contrat. Une initiative qui peut toucher notamment la Confédération islamique Millî Görüs-France (CIMG-France).

Déposé par Gérald Darmanin à l’initiative d’Emmanuel Macron, cet amendement permettra au préfet de s'opposer à l'ouverture d'un établissement scolaire «pour des motifs tirés des relations internationales de la France ou de la défense de sa souveraineté».

​Cet amendement pourrait concerner notamment la construction d’une école privée musulmane à Albertville portée par l’association islamique turque Millî Görüş, soupçonnée d’être l’objet d’une ingérence étrangère et n’ayant pas signé la charte des principes pour l’islam de France.

Le chef de l’association soutient cette construction

Invité lundi 12 avril de l’émission 120% News diffusée sur BFM TV, le président de cette confédération Fatih Sarikir prend la défense du projet de son association de construire une école musulmane hors contrat à Albertville.

«Nous avons déjà des écoles privées, hors contrat malheureusement, car nous souhaitons qu’elles passent sous contrat, mais il faut des conditions pour cela», affirme-t-il.

Alors que Laurent Wauquiez, président Les Républicains de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a vu dans ce projet l’objectif «affiché» de «soustraire les familles turques à l’influence de la France», le président de la CIMG-France assure que l’association est «inspectée chaque année de manière inopinée».

«Nous suivons scrupuleusement le programme de l’Éducation nationale. Dans certaines de nos écoles, dont une que je dirige, on n’enseigne même pas la langue turque», indique-t-il, avant d’ajouter: «Sur 28 heures en moyenne de cours dispensés, il y a deux à trois heures d’enseignement religieux à proprement parler, un enseignement d’ailleurs optionnel».

«Le préfet a déjà le droit de s’y opposer»

Fatih Sarikir assure à BFM TV que cette mesure est «inutile».

«Quand vous voulez ouvrir une école, le préfet a déjà le droit de s’y opposer. Quatre institutions de l’État doivent valider l’ouverture. Le procureur de la République, le préfet, le maire et le rectorat, qui doit donner son autorisation», a-t-il noté, avant de conclure: «Mais nous n’avons pas de problème avec ça, comme nous ne représentons pas d’État étranger».

Sur BFM TV, Laurent Wauquiez avait qualifié cet amendement de «première avancée concrète».

«Notre cri d'alerte a permis de faire avancer les choses», s'était-il réjoui auprès de la chaîne.

Polémique autour de grande mosquée de Strasbourg

L’association Millî Görüşa déjà fait polémique en lien avec la grande mosquée de Strasbourg, après que la mairie écologiste lui a accordé une subvention pour le projet du futur lieu de culte.

Face à cette affaire, le Sénat a voté le 8 avril un amendement déposé par le gouvernement prévoyant d'instaurer une obligation d'information du préfet trois mois au préalable, avant toute subvention publique pour la construction d'un lieu de culte.

«Il permet de garantir aux collectivités un accompagnement net, clair, précis, de l'État», a indiqué le ministre de l'Intérieur cité par l’AFP, ajoutant que cette mesure «permet également d'éviter les ingérences étrangères et le financement des associations séparatistes».
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала