L’Iran vient de sceller un accord de coopération stratégique et commerciale de 25 ans avec la Chine évalué à 400 milliards de dollars. On dit que le diable se cache dans les détails, mais quels sont précisément ces détails?
Se contenter de remplacer une unipolarité aux couleurs américaines par une unipolarité aux couleurs chinoises ne semble pas représenter une énorme avancée. Comment Téhéran compte-t-il s’y prendre pour préserver ses intérêts face aux appétits du dragon chinois?
Baki Maneche, avocat spécialiste de la diplomatie des affaires de divers secteurs industriels, basé en France et en Iran, commente l’approche iranienne:
«Depuis toujours, l’Iran a adopté une position de "ni est, ni ouest". Aujourd’hui, après tant d’années de difficultés, ce serait plutôt le début d’une politique à la fois de "et est, et ouest". Donc si l’Iran ne s’interdit pas de travailler avec les Occidentaux, il souhaite également coopérer avec les Chinois.»
L’avocat réagit au rôle des turbulences autour de l’accord nucléaire iranien et le comportement américain et européen:
«Face aux violations américaines et à la faiblesse de l’Union européenne, il est clair que l’Iran aujourd’hui se tourne de plus en plus vers cette puissance internationale majeure qu’est la Chine.»
La Chine également a tout intérêt à s’engager dans cet accord. Baki Maneche relate le potentiel stratégique que représente l’Iran pour le futur numéro un mondial:
«En Iran, il n’y a pas de base européenne, américaine ni même russe. D’un point de vue sécuritaire et militaire, la Chine a vraiment un véritable intérêt à rentrer dans un accord beaucoup plus important et plus engageant avec l’Iran. Cela permettrait de renforcer la présence militaire chinoise dans le Golfe persique. Par ailleurs, l’Iran est la première réserve de pétrole au monde, sa population est jeune et éduquée.»