L’Armée populaire de libération (APL) mène depuis lundi 5 avril une série d’exercices à proximité de l’île de Taïwan. Le ministère taïwanais de la Défense nationale a fait état de nombreux vols d’avions militaires chinois au sud-ouest de l’île.
10 PLA aircraft (Y-8 ASW, KJ-500 AEW&C, J-16*4 and J-10*4) entered #Taiwan’s southwest ADIZ on Apr. 5, 2021. Please check our official website for more information: https://t.co/DHD1KKonGE pic.twitter.com/MCwnnc7Em4
— 國防部 Ministry of National Defense, R.O.C. 🇹🇼 (@MoNDefense) April 5, 2021
Ainsi, lundi, quatre chasseurs Shenyang J-16, quatre chasseurs Chengdu J-10, un avion de lutte anti-sous-marin Yunshuji-8 ainsi qu’un avion de détection Shaanxi KJ-500 ont survolé cette région de la mer de Chine méridionale, comme l’indiquent les images publiées sur Twitter par l’armée taïwanaise.
Toujours le 5 avril, Gao Xiucheng, porte-parole de la marine chinoise, a annoncé que des navires dirigés par le porte-avions Liaoning participaient également aux manœuvres qui font partie «des entraînements annuels réguliers».
Mardi et mercredi, la Défense taïwanaise informait du vol de respectivement quatre et 15 avions militaires chinois dans la même zone.
Taïwan prête à abattre les drones chinois
Également mercredi, les autorités taïwanaises ont déclaré avoir repéré ces derniers temps des drones chinois non loin des îles Pratas administrées par Taipei, mais revendiquées par Pékin.
S'exprimant au Parlement, Lee Chung-wei, qui dirige le Conseil des affaires maritimes, a précisé que les drones n’ont pas survolé les îles, mais que si un engin chinois pénétrait dans l’espace aérien de Taïwan, alors il sera détruit par les garde-côtes.
«Après son entrée, il sera traité selon les règles. Si nous devons ouvrir le feu, nous le ferons», a-t-il informé, cité par Reuters.
La stratégie de Pékin
L’expert militaire Shi Hong, rédacteur en chef du magazine chinois continental Shipborne Weapons, a expliqué au Global Times que par ces exercices, Pékin veut montrer ses capacités à bloquer l'île depuis l'ouest à l’aide d’avions de guerre et de forces terrestres, et depuis l'est avec un groupe de porte-avions.
«L'exercice a montré que l'APL est capable d'encercler l'île de Taïwan, d'isoler ses troupes, ne leur laissant aucune chance de gagner ou d’aller où que ce soit si les opportunités se présentent. Attaquer l’ennemi de toute part complique sa défense car il n'a aucune idée d’où les principales forces pourraient venir», exposait-il mardi auprès du Global Times.
Autre objectif: celui de contrôler et de bloquer les interventions étrangères. Si par exemple les États-Unis et le Japon venaient à envoyer des renforts depuis l'est, poursuit Shi, la Chine pourrait alors déployer son groupe opérationnel soutenu par les forces aériennes terrestres et empêcher ainsi les forces étrangères de rencontrer les sécessionnistes de Taïwan.
Les préparatifs d’une guerre?
Les relations entre Taipei et Pékin se sont détériorées après que le département d’État américain a approuvé à l’été 2020 les ventes d’armes à Taïwan qui se dotera de missiles Patriot et modernisera ses chasseurs F-16. En réponse, Pékin a mis en place des systèmes de défense russes S-400 capables de détecter et de détruire des missiles jusqu’à 600 kilomètres.
Le 10 octobre, l’APL a mené un vaste exercice de simulation d’invasion de l’île, incluant des manœuvres sur terre, en mer et dans les airs. Cinq jours plus tard, lors de sa visite du corps des marines dans le sud-est, Xi Jinping a déclaré que ses soldats devaient «concentrer leurs efforts sur la préparation à la guerre» et «maintenir un état d’alerte élevé».